TERROIRS DE HAUTE-BRETAGNE :
- Bocage : haies et talus, chemins et habitantsBocage
- la Galette-saucisse, le seigle et sarrasin, le cochon
- le beurre, la châtaigne, la pomme, le cidre, la vigne
- les jeux populaires, l'Education et le Patois
- le mariage en "Pays Gallo"
Autres rubriques bas de page :
- Randonnées pédestres, l'abeille, la LPO, Météo bretonne,
- Biodiversité : Biodiversité domestique, Le BIO pourrait nourrir 7 milliards d'humains, PAC 2023/27PAC 2023/27, Stratégie nationale biodiversité (SNB) 2030, les "Haies", "Haies sèches", "Breizh bocage" et le SYRVA (Syndicat du bassin versant Vilaine-Amont-Chevré), Forêts, les Pesticides et Glyphosate, Nitrates, PH Azote et Redox, prairies/élevag bovin, Méthaniseurs, Qualité de l'eau, les "Algues", les vers de terre, le lin, le chanvre, SAFER "Hold Up sur la terre", "Silence dans les champs" Nicolas Legendre, Bretagne développement innovation
- Energie
- Réseau "Bruded".
La rédaction par Jean-Jacques BLAIN - et son père Jacques - de 3 ouvrages sur le "Grand Fougeray", commune située au sud de l'Ille-et-Vilaine, va nous permettre de nous projeter dans notre passé collectif, au temps où le "paysan" était majoritaire en nombre.....
La densité de la population en Haute-Bretagne peut être évaluée à environ 2 habitants/km2 à l'Age du Bronze puis à 15 habitants /km2 au moment de la conquête romaine (57 av JC) pour atteindre 60 habitants/km2 en 1877. Au temps du Néolithique (5000-2000 av JC) les premiers agriculteurs qui cultivaient déjà le blé ont donné naissance à l'art mégalithique. En 1883, un inventaire permit de répertorier en Ille-et-Vilaine 37 dolmens, 189 menhirs, 39 alignements et 43 cromlechs.
Bocage : haies et talus, chemins et habitants
Les premières traces de talus et bocages datent de 500 ans av JC, mais ce n'est qu'au Moyen Age que cette organisation de paysages se répandit. Dès l'Antiquité, les petites fermes obéissaient à la règle armoricaine de l'habitat dispersé. Les gens vivaient cependant la plupart du temps dans des hameaux. De petits enclos avec fossés et talus se trouvaient dans l'entourage immédiat des habitations. Ces enclos permettaient de contenir les bestiaux ou de protéger les jardins. La période de construction des talus se situait entre début novembre et fin avril afin que la terre soit assez humide. Il fallait environ deux heures pour réaliser un mètre de talus. Les animaux trouvaient leur nourriture dans les prés, landes et sous-bois. Mais les animaux divagants étaient un vrai problème pour les cultures. Cette forte préoccupation est une des raisons de la constitution du BOCAGE. Les haies étaient des remparts contre les dégâts des animaux et le paysan faisait régulièrement le tour de ses cultures et de ses haies pour les vérifier. En permanence il entretenait ces dernières, refermant avec des ronces la moindre brèche. (voir fin de rubrique articles sur les haies)
Tous les chemins étaient de qualité médiocre et on ne pouvait sans doute pas franchir plus de trente kilomètres par jour vers l'an mil. Ces chemins transversaux étaient étroits, en terre, peu ou pas empierrés et la circulation y était difficile pendant une période plus ou moins longue de l'année. Les adjectifs les qualifiant parfois dans les textes anciens sont évocateurs : "chemins fangeux, néyés, fondus ou remplis d'immondicités, rendus impraticables et tout mouillés qu'on ne pouvoit charroyer..."Les chemins bordés de haies retenaient l'eau des pluies, les pieds du bétail s'y enfonçaient. Parfois, le chemin ,devenu impraticable, était doublé par une "rote messière", sentier établi pour permettre au piéton d'aller à la messe sans se crotter. On pouvait aussi couper à travers champs et à chaque bout on traversait par un simple trou dans la haie. Ou bien le sentier était fermé par des piquets que l'on pouvait escalader : les ECHALIERS si bien décrits dans les ouvrages sur les "Chouans" de Balzac et Victor Hugo.
Les usages et les arrêts du Parlement de Bretagne avaient établi certaines règles pour l'entretien et les réparations de ces chemins vicinaux. Les "chemins de traverse", conduisant de bourg en bourg et de village en village, étaient "sous la garde des seigneurs qui étaient tenus d'employer à leur réparation les deniers de leurs amendes". Leur entretien incombait en fait au général de paroisse, mais celui-ci était d'avis que ceux qui possédaient des biens adjacents au dit chemin devaient, eux-mêmes, en assurer les réparations. Finalement personne n'intervenait! Quand les charretiers trouvaient un passage absolument impraticable, ils faisaient un léger coude sur la terre voisine. Son propriétaire acceptait cet usage sachant qu'en cas de réclamation de sa part il aurait été obligé de procéder aux réparations.
On utilisait ces chemins creux pour se rendre à la messe dominicale et aux foires. Il existait aussi tout un va-et-vient de mendiants, de colporteurs, d'artisans et de journaliers en quête d'embauche, sans oublier le meunier et ses aides. Tout ce petit monde, le dixième de la population, répandait aussi les "nouvelles". "Le paysan ne refuse jamais au mendiant un morceau de pain, le coucher dans le fenil, et souvent la soupe et l'écuelle de lait; aussi le pays est-il couvert de gens qui mendient les secours de l'habitant laborieux, lequel, le plus souvent, n'ose les refuser dans la crainte de voir jeter un sort, sur lui, ses enfants ou ses troupeaux", écrit Girault de Saint-Fargeau en 1829. L'Ille-et-Vilaine, avec 35.000 indigents et 15.000 mendiants, était le département français où la proportion de mendiants était la plus élevée au XIXème siècle. Chaque paroisse avait ses mendiants attitrés et les entretenait. La mendicité était une conséquence extrême de la surpopulation qui restait socialement tolérée pour des raisons religieuses. Beaucoup d'anciens artisans ou de paysans micro-propriétaires oscillaient entre une activité épisodique de journalier, le chômage partiel et la mendicité.
Nota AG : à l'autre bout de la Bretagne la mendicité est fort bien décrite avec les textes de Jean-Marie DEGUINET (1834 - 1905) "Mémoires d'un Paysan Bas-Breton".
Les "foires aux domestiques" : Les plus importantes étaient celles de Rennes (le jour de la St Pierre sur le "Champ de mars") et de Vigneux, près de Nantes, au lendemain de la "Trinité". Il y avait aussi celles de la "Saint-Georges" aux pays de Fougères et de Vitré, de Saint-Jugon à La Gacilly, de la Saint-Marc à Malestroit, de la Toussaint à Loudéac... Les domestiques qui ne se louaient que pour la "métive" (les moissons) avaient à leur chapeau un épi de blé vert. Ceux qui voulaient se gager pour l'année entière ornaient leur chapeau d'une rose et, s'ils étaient charretiers, avaient un fouet autour du cou. Les faucheurs portaient leur faux, la lame attachée parallèlement au manche. Les filles portaient un bouquet de rose à leur corsage.
Dans le cas d'émigration définitive, les jeunes partaient autour de vingt ans. Pour les garçons, le service militaire était le révélateur. Quand ils en revenaient, ils constataient que la ferme ou l'atelier artisanal avait très bien fonctionné pendant leur absence. Ils estimaient alors qu'ils pouvaient ou devaient partir. L'abbé EUZEN indiquait en 1908 : "Les jeunes filles bretonnes peuvent encore se placer facilement, car la Bretagne reste aux yeux du monde la terre classique de la probité et de la foi... Mais les hommes trouvent plus difficilement à se caser. Ceux qui n'ont pas de métier déterminé font des journées par-ci par-là, toujours employés aux travaux les plus répugnants ou les plus durs.."
NOTA AG : En 1813, il existait 144 fermes sur Acigné qui occupaient près de 600 personnes pour une population de 2000 habitants. En 2004, il ne restait que 36 exploitations agricoles avec moins de 2 professionnels en moyenne par unité. Ces changements sont intervenus à partir de 1955 et la "mécanisation agricole".
Au Pays de la "Galette-saucisse", du seigle et sarrasin, du cochon
Le seigle , mieux adapté que le froment aux terrains pauvres, était toujours important en Bretagne intérieure. Le grand changement fut l'introduction du SARRASIN - ou blé noir - venu, semble-t-il, d'Asie Mineure et plus sûrement à l'origine de la froide Sibérie au XVème siècle ou au début du XVIème siècle et qui s'étendit largement. Notons toutefois que des grains de sarrasin ont été trouvés dans quelques sites au début de notre ère... Son nom de "blé noir" est galvaudé; rien à voir avec cette céréale. Il apporte un confort intestinal intéressant avec ses fibres et la présence de minéraux ajoutée à l'absence de gluten rendent le sarrasin très attractif. On peut aussi le consommer sous une forme grillée de ses grains : le "kasha"...
Ceci étant dit, le sarrasin s'adapte bien aux sols pauvres et il fournit des rendements élevés pour l'époque, jusqu'à 17 pour un (alors que la moyenne des autres céréales est de 4/5 pour un). Un inconvénient cependant : la très grande irrégularité de la récolte, celle-ci ne rapporte même pas la semence les mauvaises années. Avantage toutefois du sarrasin : il ne gèle pas! il n'est pas soumis à l'impôt de la "dîme" et, les paysans le broyant eux-mêmes dans des moulins à bras et en faisant des galettes, il échappe aussi au moulin et au four banal du seigneur, coûteux et vexatoires. Le sarrasin est aussi une céréale très mellifère qui a été une des bases de l'apiculture en Bretagne. Les cultures de blé et d'avoine furent alors consacrées au paiement des impôts et à une petite exportation. Le blé noir était conservé pour la subsistance.
Le "Byeu nâ", le blé noir ("caraou" vers Fougères ou "carabin" vers Rennes) était, depuis le XVIè siècle, la nourriture chérie du peuple des campagnes. Semé et récolté en quatorze semaines, il nettoyait le sol après les autres céréales. On semait le blé et le seigle quand les arbres perdaient leurs dernières feuilles, l'orge à la Saint-Georges, le chanvre en mai (et surtout jamais à la saint-Marc), le blé noir à la Saint-Pierre.
Nota AG : A Montautour, près de Vitré, a lieu une Fête du "Blé noir". Le blé noir (sarrasin) était toutefois plus important que le froment en sol peu fertile comme Le Grand-Fougeray, contrairement à Acigné et au bassin de Rennes.
Un dicton : "année de châtaignes, année de blé noir"
La galette de blé noir : au début du XIXème siècle, la galette de blé noir était l'aliment clef qui se préparait tous les deux jours en moyenne. Tous les inventaires des notaires ou du juge de paix commencent par la "pierre à galette" (en fonte) et la "tournette". En 1835, dans tout le Grand Ouest, on consommait cinq fois plus de sarrasin par personne que la moyenne nationale, et le froment ne représentait que le tiers des besoins alimentaires.
Les galettes étaient généralement faites le matin, après avoir préparé la pâte avec la farine de blé noir, un peu d'eau, du lait et du sel. Une fois refroidies, elles étaient coupées en quatre et les quartiers étaient entassés les uns sur les autres pour ne pas sécher. On les mangeait ainsi ou on les faisait réchauffer à la poêle avec du beurre. Elles remplaçaient souvent le pain et se mangeaient avec le lard et les choux. Les ingrédients accompagnant la galette étaient, éventuellement, un oeuf ou une saucisse, mais jamais de fromage, qui était inconnu dans la région.
La farine de blé noir n'avait pas pour seule destination la galette. On en faisait aussi beaucoup de la bouillie de blé noir. On n'hésitait pas à faire plus de bouillie que nécessaire pour le repas. Le reste était laissé à refroidir au fond de la casserole ou du plat et, le lendemain, on coupait la bouillie durcie en lanière de 1,5 à 2 cm de largeur. Ces morceaux étaient dorés à la poêle avec du beurre avant d'être servis.
Nota O.F. 13/10/17 : "Le sarrasin se récolte en ce début d'automne. Relancée par une poignée d'agriculteurs du Centre-Bretagne, cette culture s'étend sur 3 300 ha et bénéficie d'une IGP (Indication géographique Protégée). GWINIZ DU : c'est le nom du blé noir en Bretagne. Cultivée à l'origine sur des sols acides et plutôt pauvres, cette plante n'a aucune parenté avec le blé ou l'orge. C'est une polygonacée proche de la rhubarbe. 1400 agriculteurs de la région de Rostrenen bénéficient de l'agrément et de l'engouement pour les galettes et autres biscuits très typés. La tonne est à 700 euros payée par trois entreprises habilitées. Ils ne sont en réalité que 400 à en cultiver chaque année car le blé noir rentre dans une rotation triennale. Il a besoin d'une bonne alternance de soleil et de pluie, mais ne nécessite aucun traitement. Dès le départ il engage une course contre les mauvaises herbes. Pour le datura celui-ci ne peut être éradiqué par un arrachage, la culture est alors détruite. On peut augmenter les rendements grâce à l'implantation d'une ruche par hectare; le blé noir est méllifère. On utilise la variété "Harpe" sélectionnée par l'INRA. Neuf meuniers ont le sésame pour moudre 2100 tonnes de farine de blé noir Tradition Bretagne, soit 20% du marché hexagonal. Le reste est alimenté par des farines de Chine, Pays Baltes, Canada, Espagne... à des coûts moins élevés, mais sans réelle traçabilité."
O.F. 13/01/2022 : CULTURE du SARRASIN relancée dans l'Orne. "Après 20 ans de journalisme d'Ouest-France, Patrick Brionne cultive du blé noir qu'il transforme dans sa ferme près de Domfront. "Les terres d'ici, aux confins orientaux du massif armoricain, s'y prêtent bien. Jusqu'au milieu du XIXè siècle, c'était la plante la plus cultivée. Comme en Bretagne, le "blé noir" y pousse mieux que le blé meunier." Avec 10 ha de terres cela revient à exploiter deux hectares par an car, dans la rotation, le sarrasin est semé tous les cinq ans. Il arrive cependant à doubler la surface cultivée grâce à un accord avec son voisin: "Il cultive du colza dans mes parcelles et moi du sarrasin dans les siennes." Cet hiver, le silo s'est rempli de 20 tonnes de graines, une première vraie récolte, excellente, de 18 quintaux par hectare, avec des semis réalisés en mai et une récolte fin septembre. Avec la moissonneuse-batteuse du voisin ça s'est fait en une journée.
La culture ne réclame ni engrais ni traitements. Les "rumex", très présents, ont été étouffés par le sarrasin. Des ruches ont été installées dans les parcelles méllifères pendant presque tout le cycle cultural. La suite? un couvert hivernal de MOUTARDE, PHACéLIE et AVOINE. Le "méteil", pratiqué sans labour, est vendu à l'élevage laitier de la voisine et le blé meunier bio à la coopérative locale. Les graines de sarrasin, nettoyées, tiées et brossées, sont écrasées dans le moulin de la ferme. La nouvelle bluterie tamise la farine, un peu plus grise que dans le commerce et plus goûtue grâce à un savoir-faire meunier (mouture).par Guillaume Le Du
O.F. 14/01/2022 : "Le BLé NOIR s'enracine autour de la RANCE", "Les champs de blé noir sont magnifiques en fleurs. Durant les deux mois de floraison, en juillet et en août, la tige verte devient progressivement rouge." Depuis 2017, l'association VIVATERR (Vie, valeurs et territoires) réintroduit le blé noir dans le pays de la Rance avec son Président David Boixière, le maire de Pleudihen-sur-Rance, avec objectif de s'étendre jusqu'à 350 ha.L'association comprend une quarantaine de membres dont une vingtaine d'agriculteurs et cinq apiculteurs installés sur le territoire du futur parc naturel régional RANCE Côte d'Emeraude (entre Saint-Malo et Dinan) et sur les secteurs Dol-de-Bretagne et Combourg.Par Thibault Burban
O.F. 8/1/2021 : "Bretonne ou chinoise? Quand la galette cache son jeu. Culture de blé noir, en hectares, en Bretagne 1860 : 750 000, 1960 : 116 000, -1980 :280- !! , 2012 : 4 500, 2016 : 3 300 La Bretagne, qui fut longtemps une grosse productrice, en importe 70% de Chine et de Pologne. Alors qu'elle est la seule en Europe avec une IGP (cultivé, stocké, écrasé et farine produite en Bretagne historique, + Loire-Atlantique) avec 1 700 producteurs et 9 des 30 meuniers bretons. En 2020, 300 nouveaux agriculteurs sont habilités à produire ce "blé noir breton IGP"; la Bretagne a produit 2 400 tonnes de farine de sarrasin IGP (pour 3 200 tonnes de grains) et 3 à 400 tonnes non IGP, soit à peine de quoi couvrir 20 à 25% des besoins de la région (25 à 30 000 tonnes/an). Le blé noir IGP (conventionnel) se négocie à 840 euros la tonne (producteur = 700 euros) et le bio à 1 000 euros quand ses concurrents chinois ou polonais oscillent entre 250 et 400 euros la tonne, moins cher que le blé noir français à 450 euros en moyenne. Heureusement, les consommateurs veulent de plus en plus du français et du breton c'est encore mieux car la Bretagne a une image très positive, même à l'étranger, dont la Chine, , Espagne, Pologne, Suisse, Suède et Pérou... (une farine de blé noir a essayé de porter le nom de "Brotagne" en Chine!). par Laeticia Jacq-Galdeano
LEVAIN/LEVURE, faire son pain : le levain est une pâte faite avec de la farine de blé ou de seigle (ou les deux) et de l'eau potable. On laisse cette pâte reposer pendant 24 à 48 heures : les bactéries présentes dans la farine se nourissent alors du sucre qu'elle contient. C'est la fermentation. On y ajoute de l'eau et de la farine au LEVAIN afin que de nouvelles fermentations se produisent. Au bout d'environ cinq jours, ce levain sera utilisé pour faire gonfler du pain... On peut aussi utiliser de la LEVURE, un champignon qui permet une fermentation plus rapide que le levain. Le pain au LEVAIN a un goût différent,et il se conserve plus longtemps. Et ils n'ont pas le même apport pour le corps!
"Tout est bon dans le cochon!" La saucisse accompagnait fort bien les galettes. Ramasseurs de déchets, fouisseurs infatigables, les porcs étaient laissés en liberté dans les cours de ferme et aux alentours. Dans les fossés et les haies, le cochon trouvait une nourriture bon marché, comme les glands à la saison. Le soir, on le ramassait dans sa soue où la fermière lui versait sa soupe dans son auge. C'était du "gabouret" ou "gabouriau" (mélange de farine grossièrement moulue et de son mouillés avec les eaux de la cuisine, du petit lait ou de l'eau claire), des pommes de terre ou de petites châtaignes cuites dans une "chaudière". Souvent, un cochon était gardé spécialement pour la saison des châtaignes et des glands, sa viande était jugée des plus savoureuses.
En 1866, les porcs se vendaient en moyenne 65 F, les veaux 75 F, les vaches 100 F, les boeufs 300 F, les chevaux 350 F.
Pour la conduite des boeufs, on utilisait ces onomatopées :
- à droite : "Ptffrr" avec grandes vibrations des lèvres, - à gauche : "Aââh", reculer : "Ssssé"
Pour les chevaux de trait : - à droite : "Ahi", - à gauche : "Tiouc", - en avant : "Hue", - recule : "Recu".
On disait que dans un hectare de labour il y avait environ deux journaux (prononcer "journiaw") de terre. Cette mesure désignait la quantité de terre que peuvent labourer en une journée deux boeufs attelés (juncti) à la même charrue.
Le beurre, la châtaigne, la pomme et le cidre, la vigne
Le beurre et le lait ribot : on buvait beaucoup de lait en l'état. Il est curieux de voir encore beaucoup d'éleveurs laitiers "n'aimant pas le lait"! Le lait, on le consommait plutôt en beurre et en lait ribot. Le beurre était toujours sur la table. Il servait aux tartines des écoliers, à "embeurrer" les choux, les galettes chaudes... Le beurre était si essentiel en Bretagne qu'Anne de Bretagne avait obtenu du pape, à l'occasion de son mariage, une dispense permettant à la duchesse, sa maisonnée et à tous les Bretons de manger du beurre en carême! Il était consommé également une grande quantité de lait baratté, souvent avec des pommes de terre, des châtaignes bouillies ou de la galette trempée.
Faire son "beurre" : dans les fermes la journée de travail commençait par la traite et l'alimentation des veaux tenus à l'attache, que l'on mettait à téter sous la mère. Après la traite manuelle, le lait était placé dans des pots en terre rangés dans un coffre spécial de l'embas : la "huge" (ou huche) à lait. On attendait la remontée naturelle de la crème à la surface, ce qui pouvait demander quatre à cinq jours. L'écrémage se faisait alors, à la louche. Une fois séparée du petit lait, qui servait à l'alimentation des cochons, la crème était transformée en beurre dans des ribots préalablement ébouillantés à l'eau chaude. Dans ces récipients en bois ou en grès, on actionnait un malaxeur constitué d'un manche en bois muni d'un disque troué à une extrémité. Le beurre était obtenu au prix de gros efforts physiques et en un temps plus ou moins long suivant la température de la crème. En 1867, on écrivait que "le beurre est un des principaux produits des fermes du département; son prix a augmenté considérablement par suite des exportations tant sur Paris, par voie de fer, que sur l'Angleterre, par voie de mer." L'écrémeuse centrifuge fut introduite en 1878. L'apparition des barattes métalliques à axe vertical facilita également la fabrication du beurre.
Nota : la consommation par le nourrisson d'un lait autre que celui de sa mère (ou d'une nourrice) est très récente. Avec le genre Homo apparut il y a - au moins - 2,4 millions d'années, cela fait seulement 10 000 ans que des êtres humains ont commencé à boire du lait d'origine animale. Au Proche-Orient, chèvres, mouflons ou aurochs ont été domestiqués. Puis trois millénaires plus tard, l'élevage des chèvres, brebis et vaches parvenait dans nos contrées. Dans nos imaginaires, le lait renvoie à la naissance et à l'enfance. C'est un symbole de la fécondité, de la vie, d'abondance, de richesse, de pureté car de couleur blanche. Le lait est omniprésent dans les mythes et religions des premières civilisations. Dans la Bible, Moïse promet aux Hébreux de les conduire jusqu'à un pays "où ruissellent le lait et le miel". Pour les Grecs et les Romains de l'Antiquité, le lait était l'aliment des "barbares". En revanche, le fromage symbolisait la civilisation car il était issu du lait "transformé" par le génie de l'homme. Durant tout le Moyen-Age et jusqu'au XVIIIè siècle, les classes aisées ont dénigré le lait. Il était vu comme l'aliment du pauvre, du paysan et de l'enfant, des êtres jugés inférieurs. Les médecins l'accusaient de provoquer caries et lèpre; l'Eglise s'en méfiait : comme la viande qui "échauffait les sens", les laitages étaient interdits les jours "maigres". Au XVIIIè siècle, la vision devint moins négative, c'est l'époque où Rousseau fait l'éloge du "retour à la Nature et au bon sauvage". Le lait demeurait coûteux pour les citadins. A partir de 1850, des "vacheries" furent installées à proximité des villes avec des ramasseurs de bidons de lait livrant avec des charrettes à cheval chez les crémiers et urbains grâce à des pot à lait en aluminium. Suite aux travaux du bactériologiste ukrainien Metchnikoff de l'Institut Pasteur de Paris, un médecin barcelonais développe en 1919 la fabrication de yaourts sous le nom de Danone. En catalan, le diminutif de son fils Daniel c'est Danon.
De nos jours, On consomme 40 litres de lait par an et habitant en France contre 110 pour les Irlandais et 100 pour les Finlandais. Seul 10% est commercialisé sous forme liquide, le reste en poudre à l'exportation. En 1954, Pierre Mendès France institue la distribution quotidienne d'un verre de lait à chaque écolier. La distribution de vin, de bière ou de cidre ne sera défiitivement interdite qu'en 1956 et seulement pour les moins de 14 ans! En 1981, on interdira tout alcool en lieux scolaires.
La châtaigne : Le châtaignier a été appelé dans un rapport du XIXème siècle l'"arbre à pain du département". En 1804, on indiquait que les châtaignes fournissaient ordinairement plus de deux mois de subsistance.Dictons : "quand il pleut à la Sainte-Anne" i' vient point de châtaignes"; "si on mange des châtaignes crues, on aura des poux"; "Année de châtaignes, année de blé noir".
La pomme : Le dessert le plus fréquent était la pomme. On la mangeait en l'état à toute heure de la journée ou cuite au coin du feu. En 1806, on estimait le nombre de pommiers en Ille-et-vilaine à 2.800.000. En juillet on mangeait des pommes de la Madeleine vertes et dures. Avant de les consommer on les tossait (frappait) contre la pointe du coude pour les attendrir. Les pommes de Chailleux se conservaient jusqu'à Noël, les pommes de Judin et de "de sur le pailler" jusqu'en avril. On a compté plus de 300 variétés de pommes à cidre sur le Département. Pour faire le cidre on associait la Bédange avec une variété locale.Dans les années 1920, on en faisait facilement 2 à 5000 litres chaque année dans chaque ferme.La consommation atteignait 3 à 350 litres par an et par habitant. Le cidre était d'ailleurs proposé aux collégiens dans les écoles.
Le cidre se consommait beaucoup au cellier. Tous les visiteurs masculins à la ferme y étaient invités. Le cidre était offert "au cul du fût", assis sur un banc de bois. L'hôte commençait toujours par se remplir une bolée à la clé, et à la boire sans plus de cérémonie. Puis il remplissait tour à tour le même récipient pour chacun de ses invités qui buvaient ainsi à tour de rôle.
L'origine du goût des Bretons pour les boissons alcoolisées? Au XVIème siècle, dans la littérature espagnole, le breton était devenu le personnage type du "marin en bordée". En 1636, un voyageur parla de ces "bretons qui ne peuvent se passer de boire". Madame de Sévigné écrivit en 1671 "qu'il passe autant de vin dans le corps des bretons que d'eau sous les ponts".
On pense que l'origine de cette habitude remonte aux débuts du "roulage", quand les marins bretons commencèrent à transporter du vin de La Rochelle et de Bordeaux vers l'Europe du Nord, pour s'en faire une spécialité au XVIème siècle. Les contrats d'affrètement leur accordaient en effet le droit de "breuvaige", c'est-à-dire d'utiliser le vin de la cargaison pour leur boisson pendant le voyage. A terre, ils ont conservé cette habitude, qui s'est étendue progressivement des ports et de zone côtière vers l'intérieur.
Nota AG : "LA VIGNE" : La culture de la vigne fut importée en France d'abord par les Phocéens lors de la création de Marseille vers - 600 av.J.C. Elle fut ensuite généralisée à toute la Gaule par les Romains. A partir du IVè siècle, le christianisme concourt au déploiement de sa culture pour les besoins de communion sous les deux espèces pain et vin jusqu'au XIIIè siècle. Les monastères étaient tenus de produire eux même leur vin de messe. Sa disparition progressive remonte à l'époque de Colbert dont l'administration aurait déclaré : "La Bretagne sera une terre à cidre et devra arracher ses vignes". A la veille de la Révolution française on recense encore 150 ha de vignes en Ille-et-Vilaine. Une des causes avancées pour le déclin du vin local fut sa très mauvaise qualité - "une affreuse piquette" selon certains avis de l'époque - et le fait qu'il se conservait mal. Les bisulfites, bien que allergènes, étaient alors inconnus... La production était essentiellement constituée de vins blancs avec des rendements variables (ex : région de Redon, vignoble de 43 ha avec une production moyenne sur 10 ans de 14 hl/ha). Parmi les cépages on cite souvent le "Noah", vin très acide, interdit en France en 1935 car il contenait des substances cancérigènes (riche en éther); le "Chenin-noir" planté en France depuis l'Antiquité; le "Gros-Plant", cépage exclusif ou principal du VDQS gros plant du pays nantais. Au Mont-Garrot en Saint-Suliac (près de Saint-Malo) un cep sauvage serait, d'après l'INRA de Montpellier, un ancêtre du "Merlot" actuel. Il avait été cultivé sur 12 ha il y a plusieurs siècles.
Une étude sur Thorigné , à partir du "cadastre napoléonien" de 1818, indique 17 reprises du mot "vigne" pour 17 ha avec à cette époque 350 habitants répartis sur 600 ha environ. Les parcelles étaient orientés vers le sud. Calculs dans l'état des sections du cadastre : un arpent métrique = 2 journaux et 5 cordes, soit 10.028,5 m2. Un journal = 80 cordes = 4.862,3 m2; une corde carrée = 60,78 m2 et une perche carrée = 57,77 m2. Parmi les mots indiquant la présence de vignes, notons "Louvigné" et "Sévigné".
D'après Pierre Pétour, "Cité Art, Patrimoine" Thorigné-Fouillard
Entretien avec Bernard HOMMERIE, chargé de communication de l'ARVB : l 'Association des Vignerons Profesionnels créée à PORDIC (22) le 20/11/2021 avec 18 vignes. Déjà, l'Association de la Reconnaissance des Vins de Bretagne (ARVB) a été créée par des vignerons amateurs en 2006, bien avant que l'Europe ne libéralise les droits à planter en 2016. Création d'une IGP (Indication géographique Protégée)? Certains y pensent, surtout en Loire-Atlantique, pour délimiter un territoire. Pour le MUSCADET c'est mieux d'être un VIN de BRETAGNE que de Loire-Atlantique. C'est du marketing de base : il y a beaucoup de très bons vins en Loire-Atlantique, donc pour le muscadet c'est mieux d'avoir l'appellation "VIN BRETON". Les gens sont prêts à en acheter. Regardez le Breizh Cola, qui représente environ 20% du marché du coca en Bretagne.
Beaucoup de vignerons essaient de sortir de la chimie. Je pense que les Bretons vont aller dans cette voie et vers d'autres cépages comme celui des ducs de Bretagne, le BERLIGOU. Le vin du Finistère sera très différent de celui du Morbihan. On aura des expositions et des terrains différents. Le réchauffement climatique aidera. Des Bordelais commencent à s'intéresser à la Bretagne car il y fait moins chaud que dans la région de Bordeaux où, avec le soleil, les taux d'alcool sont trop forts et le vin perd en subtilité. O.F. Laeticia Jacq-Galdeano
Va-t-on faire pousser plus de vigne en Bretagne? à Rennes, la moyenne de la température était de 11,5° en 1980 avant de passer à 12,7° en 2010. En 2022-23, c'est 13,8°!! La viticulture s'appuie sur la température, la pluviométrie, le type de terre, l'orientation ou le cépage. La pluviométrie a augmenté de 10% en 40 ans mais avec deux saisons été et hiver : nous serions exposés aux inondations hivernales et sécheresse l'été. Scénario horizon 2100 : 4°C d'augmentation. Changement digne de la sortie de la période glaciaire. La France était constitué de toundra, il y avait des glaciers à Londres et la mer était 150 mètres plus bas.
Lundi 30 septembre 2024 : La Bretagne, un nouveau territoire viticole. FR3, 22H55 Changement climatique oblige, il fait aujourd'hui aussichaud à Rennes qu'en Anjou dans les années 1950. Une trentaine d'exploitations, majoritairment biologiques, seraient lancées en Bretagne depuis l'autorisation de planter des vignes accordée par décret en 2016. Une cinquantaine d'autres seraitent en attente d'installation. Dans le Morbihan, la première école de viticulture de Bretagne a ouvert ses portes en 2021 près d'Auray.
Le cidre mène aussi à la danse et aux fêtes :
"La vie productive des paysans bretons se règle sur les besoins et non sur les profits. Tous vivent sous le même toit, la maison est le lieu à l'abri et, par-delà, du rassemblement et de la communauté. Faut-il parler de promiscuité ou d'intimité? Seul le travail permet de s'isoler. Chacun tient compte du caractère de l'autre, ménage les susceptibilités, et sait profiter des générosités. les heurts sont rares. Et comme il faut d'abord faire face aux besoins de chaque jour, on s'épanche assez peu... Les fêtes sont justement là pour apporter une communication qui n'existe pas par ailleurs. Avec le cidre et les danses, les langues se délient, les rancunes entre voisins s'estompent et les amours naissent."
Dans un ouvrage de 1550, Noël du fail, petit noble campagnard de St Erblon (St Herblon) au sud de Rennes rapporte ceci : "Les jours chômés, nos bons pères fussent plutôt morts que de ne pas rassembler tous leurs rogations chez quelqu'un du village pour s'y récréer et prendre le repos du labeur de la semaine... Après avoir bu également et toutes leurs forces, le tout méthodiquement, ils commençaient à bavarder des champs sans retenue. Messire Jean, le feu curé de la paroisse, jasait à qui mieux mieux, installé au haut bout de table... Le reste des bons lourdauds parlait du décours de la lune, de l'époque à laquelle il serait bon de planter les poireaux, du temps convenable pour houer la vigne, pour greffer ou couper le coudrier et le châtaignier, pour fabriquer les cercles à lier les tonneaux... Après dîner, quelqu'un du village sortait de dessous son vêtement un rebec ou une flûte; il y soufflait avec une grande maîtrise et le son doux de son instrument, accompagné d'un hautbois qui se trouvait là pour le seconder, les y invitait si bien qu'ils étaient contraints, bon gré mal gré, après avoir jeté leurs robes et leurs casaques, de commencer une danse... Lorsque la fumée du vin commençait à emburelucoquer les parties du cerveau, quelque bonne luronne menait la ronde par-dessus les tables, bancs et coffres, autant d'une main que de l'autre... La danse finie, ils recommençaient de plus belle à trinquer et à lever haut et franc le verre sans se battre. Puis, après s'être échauffés, ils allaient, si bon leur semblait, voir quelque pré ou champ bien préparé et là, ils s'asseyaient d'ordinaire pèle-mêle..."
Le pouvoir de guérir : en Pays Gallo (et sans doute ailleurs) ceux ou celles qui étaient nés et baptisés le 25 janvier avaient le pouvoir de passer le feu, c'est-à-dire les brûlures, et les venins ou vlins (piqûres d'insectes, de vipères, éruptions cutanées, oedèmes et autres congestions). Une autre date semble aussi fonctionner : le 10 août! En avez-vous d'autres à donner?
Les Jeux populaires, l'Education et le Patois
le jeu le plus répandu en Bretagne était la "SOULE",gros ballon de cuir rempli de son, que l'on jetait en l'air et que l'on se disputait ensuite entre les joueurs. Ce jeu brutal rassemblait plusieurs dizaines de participants de midi jusqu'au coucher du soleil. Le but était de loger la soule dans une chapelle ou une maison choisie au préalable. Tous les coups étaient permis ou presque, si bien que l'on a dit que "la soule, c'est un jour d'indulgence plénière accordée à l'assassinat".
D'autres jeux plus calmes étaient aussi pratiqués comme le tir à l'arc, les boules... Quand on tuait un mouton ou une chèvre, on donnait aux enfants les petits os des membres. Parfois, on les teignait pour qu'ils soient plus jolis. Il en fallait cinq. On jetait les "OSSELETS" en l'air et, sur le sol, on constatait qu'ils étaient pour certains sur le dos, d'autres sur le plat, d'autres sur le creux. Il fallait ensuite les replacer tous sur le même côté en un minimum de coups. On en jetait un en l'air et, avant de le reprendre au vol, on plaçait convenablement ceux qui restaient à terre.
En campagne, on n'achetait pas de jouets, mais les enfants les fabriquaient eux-mêmes ou avec leurs parents. Les terrains de jeux les plus habituels étaient les prés où les enfants étaient chargés de garder le bétail, activité qui leur laissait une marge de liberté.
Noël du Fail raconte les souvenirs d'enfance d'un vieux paysan : "Je commençais à faire une cabane et à ramasser force petit bois. Le bonhomme, de son côté, ramassait quelques bagatelles pour m'aider, ou me fabriquait un couteau de bois, un moulinet, une fusée, une flûte d'écorce de châtaignier, une ceinture de jonc, une sarbacane de sureau, un arc avec du saule et sa flèche avec une tige de chanvre; ou bien une petite arbalète et son trait empenné de papier; un petit cheval de bois tout équipé, une charrette, un chapeau de paille; ou bien il me faisait un beau plumet de plumes de chapon et me le mettait à l'ancienne mode sur mon bonnet."
La "pétouère" (sarbacane à piston) était fabriquée avec une branche de sureau et du papier mâché ou de la filasse servait de projectile. Avec quelques morceaux de bois, on construisait une paire d'échasses, des toupies, des moulins que l'on plaçait dans le ruisseau. dans les écorces de pins, on taillait des petits bateaux. les jeux de "billes", alors en terre cuite, étaient très prisés. dans la cour de l'école on jouait à l'"épervier" ou à "chat perché". Les poupées, les filles les faisaient en chiffons avec des habits en feuilles cousues avec des brindilles. Elles aimaient également la tenue de mariée avec du lierre, du liseron ou des feuilles de châtaigniers attachées avec des épines. Jouer à la "marelle", sauter à la corde et faire des rondes en chantant, étaient leurs jeux favoris.
L'EDUCATION : passée la lutte contre la "Réforme", la formation des élites retint seule l'attention, même chez les propagandistes des "lumières", à quelques exceptions près dont Diderot, Turgot ou certains membres du bas-clergé. La Chalotais, procureur du parlement de Bretagne, soutenait que "le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s'étendent pas plus loin que ses occupations". Voltaire l'en félicita par courrier : "Je vous remercie de proscrire l'étude chez les laboureurs". Rousseau émit un jugement similaire : "N'instruisez pas l'enfant du villageois car il ne lui convient pas d'être instruit."
"Lire sans écrire" : A Acigné, pour 5 sols par mois on pouvait apprendre la lecture comme l'écriture. Mais dans nombre de communes on pouvait soit apprendre à lire soit à écrire avec une évaluation en sols différente. La dissociation écriture/lecture avait une origine pratique. La plume d'oie demandait à être taillée et c'était pour l'élève ou le maître une servitude. Il fallait aussi tenir une plume sans se barbouiller, difficulté que nous, utilisateurs de stylos modernes, avons oublié. Le papier était un produit rare et onéreux. Enfin, il fallait sécher la page écrite en la saupoudrant de sable fin. L'invention, au cours du XIXème siècle, de la plume d'acier, du crayon à mine, du papier buvard bon marché, la généralisation de l'ardoise comme support temporaire de l'écriture sont, pour une large part, responsable de la vulgarisation de l'écriture. Avec Louis-Philippe, le pouvoir, beaucoup plus laïc et bourgeois que son prédécesseur, fut pour la première fois très volontariste au sujet de l'école primaire. La loi Guizot de 1833 imposait la création d'écoles de garçons, toujours confessionnelles et non obligatoires, mais publiques et assumées par la commune. L'enseignement n'était ni obligatoire, ni gratuit, sauf pour les indigents. C'était le premier pas vers l'alphabétisation des masses. Les filles n'étaient cependant pas concernées. Pour l'Eglise, l'enseignement était un moyen pour reprendre les positions perdues dans la société depuis la "Révolution" de 1789. Il s'ensuivra une "course de vitesse" entre les deux écoles qui suscita dans l'Ouest un interminable conflit mais aussi provoquera la recherche de l'excellence et des bons résultats.
NOTA AG : Acigné innova très vite! Dès 1718 elle disposait d'un enseignement pour une trentaine de jeunes filles, grâce au recteur de la paroisse. Pour les garçons fut créée une école "de fréquentation facultative" en 1833.
Avec les enfants de paysans, dont la motivation était relative, l'assiduité à l'école suivait un rythme saisonnier. Ainsi, dès la mi-juin, avec les foins, beaucoup d'enfants disparaissaient pour ne rentrer qu'à la Toussaint, après la moisson du sarrasin et la récolte des châtaignes. Il y avait aussi les jours de foire ou de marché, les petits frères ou soeurs malades et les vaches à garder.... Il faudra seulement attendre 1939 et la loi sur les allocations familiales pour abaisser l'absentéisme à l'école.
Les noms de communes en "AC", "é" ou "ay" :
Ces noms en "ac" restent fréquents à l'ouest de l'Ille-et-Vilaine. Ils dérivent du suffixe gaulois "iacos" qui, sous l'influence latine, est devenu "acum" puis, sous l'influence romane, a été raccourci en "ac". Pipriac, Lohéac, Messac, ...
Lorsque l'influence romane a été plus profonde, plus longue, la consonne finale a été atténuée pour donner "é" ou "ay". C'est le cas d'"Acigné". Dans les zones ou l'influence romane a été faible ou absente, à l'inverse de l'influence de la langue bretonne, le "acum" a évolué vers "o" ou "ec" ou "euc".
Le PATOIS : en 1863, le ministère de l'Instruction publique classait les départements selon leur caractère francophone ou non. L'Ille-et-Vilaine hérita du qualificatif de "douteux"! en effet le patois dominait largement dans les campagnes, avec des variantes d'une commune à l'autre. imaginons une conversation en patois gallo entre un fils au retour de l'école et sa mère :
- Et tes choques, regardes comme é sont sales, et tes hannes. Ah, té biau mon pourciau! - C'est pas ma faute, c'est Pierre et julien, Y m'ont pousse. Je huche mais im bèze, i sont pu fort que ma. Y m'ont pousse dans l'bouillon. - Bon, et ben piss que c'est coume ça, vas pisse un coup et vas te couche. Et met ta dans la nelle pour pa gêne ton frère quand i va alle dormir. - C'est pas juste, c'est les aoutres qui m'ont tape et c'est ma qui m'fait engueule. J' m'en fous, j'les rebézere demain souère. - Et pi d'abord, y m'ont pris ma petouère, faudra ben qu'i m'la redoune. En plus, il a un vélo li, et faut que j'vas a pie. c'est pas juste. C'est ben égal, j'vas s'me des mailles dans la rotte et son vélo va kerve. D'abord, j'vas tire les ridiaux d'mon lit et j'vas couche dans le milieu exprès pour beze mon frère. La!
Quelques principes de construction du gallo : la finalité des mots est très accentuée et modifiée. Les noms dont la terminaison est en "ais" se prononcent en "a" la Dominelais = Dominela. Particularité du "ay" Fougeray = Fougereu. Les terminaisons en "eur" deviennent "eu" ou "ou" porteur = porteu. Les mots en "au" se prononcent comme le "ow" anglais saucisse = sowcisse. les mots en "eau" se prononcent "iau" chapeau = chapiau. On met également un "i" à la place du "l" place= piace, noblesse= nobiesse. On suprime les "i" des mots en "ien" rien= rin. Les mots en "ui" se transforment en "e" nuit= ne. Les "é" et "è" devienennt muets (prononcer eu) cellier= cellieu. Les mots en "oi" se prononcent "a" toi = ta, Les mots en "oir" se prononcent souvent "air" boire= baire mais parfois ils se prononcent "oère" pétoire = pétoère, coiffe= coeffe. Les syllabes "dr", "br", "gr", "pr" se prononcent der, ber, guer, per et vendredi = venderdi, grenouille= guernouille. Les syllabes finales "tre", "dre" sont escamotées et un litre de cidre se dit "un lit' de cid'". Les conjugaisons sont parfois originales, et le passé composé est amélioré et d'usage courant : aller = j'ailli, tu allis, il allit...
Quelques mots ou expressions :
Dame si, ou dame veï, dame non = affirmatif, négatif; une "couée de garçailles = un grand nombre d'enfants; "Y fra jamais ren c'ti là = il ne fera jamais rien celui-là; "la chia est crouillée" = la barrière est fermée; "Prend une chaire et siette ta = prend une chaise et assis-toi; "Chome ta, reste pas là comme un bobiau"= lève-toi et ne reste pas là comme un simplet; "le cellieu est pien de baille sans saille = le cellier est plein de boit-sans-soif; "faire merienne = faire la sieste.
Le climat océanique breton permet nombre d'expressions sur le pronostic du temps :
- Le tonnerre du matin signifie vent, celui de midi pluie; Quand il pleut à la St Médard il pleut quarante jours plus tard. A moins que St Barnabé ne lui coupe l'herbe sous le pied; un halo ou un cercle jaunâtre autour de la lune indique une pluie prochaine; si, à son quatrième jour, on la voit se détacher sur le ciel avec un croissant nettement dessiné, il est probable que le temps sera beau pendant le reste de son cours; quand le ciel est rouge au coucher du soleil, c'est signe de vent pour le lendemain; si les poules et les pigeons ne se mettent pas à l'abri mais étendent les ailes à la première pluie, le mauvais temps ne durera pas; l'hirondelle qui vole haut annonce le beau temps, si elle rase la terre elle annonce la pluie; lorsque le chat est occupé à faire sa toilette, s'il ne se frotte pas le nez c'est signe de beau temps, mais s'il passe la patte par-dessus l'oreille c'est signe de pluie;
Le MARIAGE en "Pays GALLO"
Une semaine avant la date du mariage, le jeune homme enterrait sa vie de garçon avec ses camarades, mais la fiancée ne devait pas y participer.
La cérémonie de mariage elle-même se passait toujours le mardi. "Si on se marie le samedi, on fait gras la veille pour recevoir les invités et on viole les lois de l'Eglise. Le lendemain, qui est un dimanche, on manque la messe....".
Environ une semaine avant le jour du mariage le premier acte consistait à transporter le fût de cidre, préparé spécialement, vers le lieu du banquet, habituellement chez les parents de la future mariée. La barrique était transportée sur une charrette ornée de fleurs et au son du violon ou de l'accordéon. Ce transport préalable permettait au cidre de se reposer avant que le fût ne soit mis en perce, le mardi suivant. Le dimanche avait lieu l'"agouvreu", c'est-à-dire le transport du trousseau et des meubles au futur domicile des jeunes mariés. Musique et chants étaient de nouveau de la partie. Le lundi, les jeunes et la contrée se réunissaient pour transporter vers le lieu du mariage la vache prévue pour être consommée au banquet ainsi que le matériel loué ou prêté (tables, vaisselle, ..). Les voisins apportaient les chaudières. On dressait les tables sous une tente dans une prairie à proximité de l'habitation des parents de la mariée ou dans une grange. Les voisins amenaient également en cadeau des poulets déjà plumés, du beurre et des gâteaux (des quatre-quarts le plus souvent).
Pendant la première moitié du XXème siècle, le menu était était souvent : potage de vermicelle, pot-au-feu, rôti de veau, poulet rôti et quatre-quarts. Le cidre était offert à volonté, mais le vin contingenté : un seul verre de vin blanc ou rouge à la fin du repas, et dans lequel les hommes trempaient en général leur gâteau. On concluait ce repas par un café, un peu d'eau-de-vie, une dragée et une cigarette. Ce banquet avait duré plus de trois heures.
Nota AG : "jusqu'en 1956 des verres de vin ou de cidre étaient servis aux enfants dans les cantines scolaires. Le ministre Mendès France, sous le gouvernement de Guy Mollet, fit interdire, par circulaire, la distribution d'alcool aux moins de 14 ans! Dans les lycées, il a fallu attendre 1981, sous le mandat de François Mitterrand, pour appliquer cette interdiction.La consommation de vin et de cidre était autrefois banalisée, signe de force,de virilité initiatique père/fils, boisson des dieux, où seules les fortes consommations étaient dommageables pour la santé. Un homme qui ne boit pas, c'est suspect! Le verre d'alccol a été remplacé par du lait avec du sucre... avec à la clé une campagne dénonçant un appât pour obtenir le vote des fermiers."
On passait alors au bal. Le violon aura sans doute été un des vecteurs du répertoire d'airs à la mode qui passa des salons aux fêtes rurales. Les derniers violons se turent avant la dernière guerre. Progressivement l'accordéon diatonique se substitua à lui. On disait volontiers "jouer de la bouzine" (vessie) par des "sonnous" qui étaient présents pendant les trois jours du mariage. Le musicien montait sur un fût et jouait en rythmant la cadence avec son talon. On pratiquait les danses à figures (avant-deux, pastourelles, ..) et les danses par couples (polkas, scottishs, ...). Les distractions étaient rares en campagne et il était fréquent que des jeunes du voisinage s'invitent pour les danses, sans rien demander. On les appelait les "chiens de noces"! Le soir venu un autre repas était servi. La messe du lendemain matin de la cérémonie était dite pour les défunts des deux familles. Et c'était ensuite le "retour de noces".... Pour clore le tout, on remettait ça une dernière fois le dimanche suivant, pour une petite fête réservée aux jeunes surtout.
Il y avait aussi de vrais "mariages de raison", arrangés grâce à des entremetteurs. Ces mariages-là n'étaient pas forcément mal vécus. "L'amitié naît sur l'oreiller" affirmait-on. Mais quand cela se passait moins bien, qu'importe, "Là où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute!", disait-on aussi. Les divorces étaient rarissimes. Il en allait de l'honneur de la famille.
Merci aux deux auteurs des 3 ouvrages qui représentent en tout 510 pages de textes, documents, dessins, illustrations. C'est très riche ...Allez à la Médiathèque d'Acigné pour consulter "Le Grand Fougeray" Tomes I, II et III
20 000 km d'itinéraires balisés en Bretagne. Pour ce sport le plus pratiqué, en 2023 la région compte 15 830 licenciés, 230 associations et 924 animateurs. Parmi les objectifs : de la visibilité grand public, notamment le GR 34 qui suit le littoral, de saint-Nazaire au Mont-Saint-Michel. La fédération associe des hébergements à ses itinéraires, édite 6 topoguides sur la Bretagne, propose une application mobile, "MaRando" avec 500 parcours, et complète l'offre avec la marche nordique et le longe côte. https://bretagne.ffrandonnee.fr/ www.lamusaraigne.net Acigné
Plus de soleil en Bretagne qu'en Corse!
Les records d'ensoleillement en Bretagne d'avril 2010 ou/et 2017 seront battus ou approchés en AVRIL 2021 : du 1er au 25 avril, Saint-Cast-le-Guildo 246 heures (moyenne habituelle en avril de 165 heures), seconde place en France après La Rochelle (254 heures); Dinard (238 heures), Rennes (224 heures), Quimper (216 heures), Brest (199 heures) et maintenant : la Corse, Bastia (209 heures) ou Nice (199 heures). www.meteo.bzh
L'ABEILLE ...entre 2015 à 2022 - moins 30% en Europe!
Juste que dans les années 1980, la France comptait quelque 100 000 apiculteurs. Ils ne sont plus que 70 000 amateurs et 5 000 pluriactifs.Seulement 2 500 professionnels avec en moyenne 200 ruches. Aux Etats-Unis le plus gros possède 60 000 ruches qui servent pour polliniser : apiculture industrielle au service de l'agriculture intensive.
L'UNAF (Union nationale de l'Apiculture Française) et son porte-parole de Lozère Henri Clément de la revue "Abeilles et fleurs", sensibilise avec des ruchers écoles, la féminisation de la profession, les ruchers en ville ... mais l'abeille doit rester présente sur tout le territoire! Le taux d'extinction est de 100 à 1 000 fois supérieur à la normale à cause
des PESTICIDES, des pratiques agricoles intensives , la monoculture et "l'ABSENCE d'ARBRES et de HAIES". Le "varroa", acarien parasite, affaiblit les ruches comme Le FRELON Asiatique avec 50% de son alimentation en abeilles ,et le VESPA orientalis" occupe Barcelone et Marseille ... Le pire c'est le Dérèglement CLIMATIQUE avec des hivers très doux qui se succèdent. Plus de ruptures, les abeilles continuent à travailler et s'épuisent.Ensuite les gelées tardives sont catastrophiques pour les vignes et les vergers mais aussi pour les abeilles. Les pluies torrentielles s'installent puis de grandes sécheresses qui brûlent les fleurs. Au sud de la Loire, la situation est très mauvaise.
Jusqu'en 1995, la France produisait 33 000 tonnes de miel par an, en 2021, c'était 10 000 tonnes. Pour sa consommation elle en importe des pays de l'est, de Chine et du Vietnam. Du miel synthétique qui n'a jamais vu une abeille, fabriqué avec du glucose de maïs ou de riz, vendu moins de 2 euros le kilo. Alors qu'en France le coût de revient est d'au moins 6 euros pour une vente entre 13 et 18 euros le kilo.
Ce petit insecte d'une dixième de gramme, qui existe depuis 80 millions d'années, pose aujourd'hui des questions qui nous concernent tous : quelle agriculture, environnement, alimentation et lien entre l'homme et la nature? Congrès européen à Quimper du 20 au 24 octobre 2022, par Christophe VIOLETTE O.F.
Un label Breton "Les miels de Bretagne" www.lesmielsdebretagne.fr garantit l'origine 100% bretonne. Avec 623 tonnes produites en 2022, dont 139 tonnes par les apiculteurs professionnels, la Bretagne (9è région productrice française) est loin d'être autosuffisante. Elle importe une partie de son miel, à l'image de la France, qui a acheté, en 2021, deux tiers de sa consommation ... en Ukraine, en Chine et en Espagne. Ce miel importé en Europe serait sujet à du masquage d'origine géographique, d'additifs et de colorants pour adultérer la véritable source botanique, et de sucre pour adultérer le miel.
BRETAGNE : 3 826 apiculteurs (contre 4 575 en 2021), dont 76 professionnels (plus de 200 ruches) 239 pluriactifs (50 à 200 ruches) et des apiculteurs en loisirs (moins de 50 ruches). 78 652 ruches déclarées en 2022 dont 5 989 appartiennent à des professionnels. 34% des apiculpteurs dans le Finistère, 24% Morbihan. Prix de vente 2022 du miel breton : 16 euros le kilo et 13,30 euros en surfaces.
LPO (Ligue de Protection des Oiseaux)
Le changement climatique s'ajoute aux activités humaines qui abîment déjà les habitats des oiseaux avec la construction, l'agriculture, la destruction des haies et des zones humides... Il y a un effet combiné car ce sont des zones de reproductions, de halte pour les migrateurs et d'hivernage pour d'autres espèces. Il faut protéger les milieux naturels et humides. Ce qui est bon pour les oiseaux l'est aussi pour tous les animaux, et l'humain... Et le rôle du chat! responsable de la mort de 1,3 à 4 milliards d'oiseaux chaque année. On peut l'éviter en lui mettant un collier spécial anti-prédateurs.
Février, A vos marques, prêts, comptez! Comme depuis 12 ans, OP week-end pour aider les ornithologues à mieux connaître l'évolution des popultions d'oiseaux communs. Pendant une heure, s'installer dans un jardin, un parc, un balcon, idéalement en fin de matinée ou en début d'après-midi en observant tous les oiseaux dans ce lieu. Pour s'aider à les reconnaître , voir le site internet de l'Observatoire des oiseaux qui dispose de fiches. Il faut transmettre ses données sur ce site. Ainsi,en 2023, 28 186 jardins avaient été observés. LPO Ligue de Protection des Oiseaux et Muséum national d'Histoire naturelle www.mnhn.fr .
Nourrir les oiseaux? , la plupart des insectivores donnent à manger à leurs petits au printemps et en été. Mais l'hiver venu, certaines espèces qui ne migrent pas deviennent ponctuellement granivores. Ainsi, une mésange peut perdre jusqu'à 10% de son poids en une seule nuit, à cause du froid. Pour survivre, il lui faut trouver de la nourriture grasse. La LPO conseille de donner du tournesol entre novembre et mars avec un distributeur de graines qu'il convient de nettoyer pour éviter des maladies entre espèces qui, dans la nature, ne se croiseraient pas. Ne pas tailler ses haies entre mars et fin juillet, période de nidification. Et si possible laisser une bande enherbée non taillée dans un coin pour y laisser des insectes garde-manger. Cependant, pesticides, pollution, prédation des chats, artificialisation des sols sont responsables de la disparition de 30% des espèces communes en 30 ans! (Office français de la biodiversité).
Ecouter un oiseau pour le reconnaitre? MERLIN BIRD ID, gratuit, télécharger le trousseau "Europe" en langue française...
19 RACES en conservation dans l'Arche de Noé" : poules "Coucou de Rennes, Noire de Janzé, Courte-pattes et gauloise dorée"; canards "Nantais ou de Challans "Marais Breton", l'oie normande; vaches "Bretonnes pie noire, Armoricaine, Froment du Léon", Nantaise"; cheval "Breton", l'âne du "Cotentin"; le porc "Blanc de l'Ouest, de Bayeux"; la chèvre "des Fossés"; le mouton d'Ouessant, des Landes de Bretagne, de Belle-Ile,l'Avranchin. www.ecomusee-rennes-metropole.fr Pour la FAO, la production animale mondiale repose sur environ 40 espèces. Sur 7 745 races locales de bétail, 26% sont menacées d'extinction...
NOTA AG / 200.000 kms de haies arrachées!
O.F. 28/11/23 : Stratégie nationale biodiversité (SNB) 2030, suite à la COP15 Biodiversité décembre 2022 : quarante mesures avec pour objectifs de protéger 30% des terres et des mers, restaurer 30% des écosystèmes dégradés ou réduire de moitié les pesticides. Des exemples : les récifs coralliens d'outre-mer, les mangroves et les herbiers de posidonie en Méditerranée, une protection forte de l'intégralité des glaciers français, un 12ème parc national dédié aux zones humides, résorbation de 94 décharges littorales, la moitié des plages sans plastiques en 2025 puis la totalité en 2030, aides programmes Eau biodiversité, Fonds vert restauration des friches, préservation du milieu aquatique...
La SNB prévoit de préserver 120 000 hectares par an en divisant par deux la consommation d'espaces naturels, agricoles et forestiers. Elle veut planter un milliard d'arbres sur dix ans et restaurer les HAIES (+ 50 000 km d'ici 2030) et zones humides (+ 50 000 hectares d'ici à 2026). Avec la Stratégie Ecophyto 2030, réduction de moitié d'utilisation des produits phyto-pharmaceutiques par rapport à 2015-17.
Entre les années 1960 et 1990 le REMEMBREMENT des parcelles et l'arasement des haies étaient subventionnés afin de faciliter l'accès aux engins agricoles. Encore aujourd'hui la Politique Agricole Commune, en déduisant les haies trop larges et les ilôts d'arbres du calcul de la prime agricole, n'incite pas au maintien du BOCAGE. De plus on ne sait plus entretenir les haies et conserver les ragosses. Les ravageurs de cultures et les mauvaises herbes migrent vers les parcelles cultivées.
Pourtant les HAIES sont une fabrique d'humus, source d'engrais, un brise-vent, un régulateur de climat, une éponge pour les fossés. Elles limitent l'érosion du sol et le déferlement de boue (comme à Morlaix après le remembrement), et sont une retenue à l'écoulement du lisier jusqu'à la mer, un abri pour les insectivores (crapaud, lézard, merle, coccinelle, mésange, ...).
Comme tout est aussi un "retour en arrière", parfois pour le meilleur, certains départements font replanter des HAIES.... pour joindre l'utile et l'agréable! "Reste que la question ne se limite pas au nombre de kilomètres, car si les linéaires détruits sont souvent des talus avec haies et fossés, les reconstructions (notamment financées dans le cadre du programme Breizh Bocage) consistent trop souvent en la plantation de haies à même le sol, sans talus ni fossé, ce qui réduit fortement leur intérêt en termes de lutte contre l'érosion... Parfois le personnel communal se charge de l'entretien du bocage le long des routes, déchargeant ainsi les agriculteurs d'une partie du travail; en échange, la commune garde le bois qui sert pour l'alimentation d'une chaufferie..." selon Annie Bras-Denis, maire de Plouaret. "Au bocage, il faut maintenir la polyculture-élevage bovin herbager mais la Politique agricole commune est pensée pour les gros céréaliers du Bassin parisien."
O.F. 10/10/23 : "Le linéaire de haies arrachées n'a fait que croître... En 2022, pour 1 km planté, près de 7 km ont été arrachés. Depuis les épisodes de remembrement de 1945, 70% des haies présentes au début du XXè siècle auraient disparu, soit 1,4 million de kms de haies. La perte annuelle moyenne de 10 400 km entre 2006 et 2014 est passée à 23 571 km entre 2017 et 2021, malgré une politique de plantation d'environ 3 000 km par an. Rappel des bénéfices : limitation de l'érosion des sols, meilleure infiltration de l'eau qui limite les risques d'inondations, stockage de carbone, réservoir à biodiversité, ... Cette forêt, dite linéaire, que représentent les haies, est bien plus résiliente aux risques d'incendies liés au réchauffement climatique que les massifs forestiers. Pourquoi ne pas conditionner les aides PAC (Politique agricole commune) à l'évolution du linéaire de haie dans chaque exploitation? par Marc Robin (Loire-Atlantique)
Terre en bref O.F. 29/4/2023 : La France perd plus de 20 000 km de haies par an! Depuis 1950, 70% des haies ont disparu des bocages français", soit environ 1,4 million de kilomètres, estime le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), dépendant du ministère de l'Agriculture. Le mouvement s'est accéléré avec une perte moyenne annuelle de 23 571 km/an entre 2017 et 2021 contre 10 400 km/an entre 2006 et 2014. En face, la politique de plantation permet de créer environ 3 000 km de haies par an. "Si l'accent est souvent mis sur la création de nouvelles haies, il convient avant tout de mieux protéger le linéaire existant", concluent les auteurs du rapport. Evoquant un "constat très préoccupant", le ministre de l'Agriculture, Marc Fresneau, a indiqué qu'une concertation sera lancée avec la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie "pour construire un pacte en faveur de la haie".
PAC 2023/2027 : en France, doubler les surfaces en BIO pour atteindre 18% de sa surface agricole; les surfaces des champs seront suivies en temps réel par satellite; Agroécologie avec des éco-régimes, diversification des cultures, couverts végétaux, prairies permanentes, certification environnementale (bio ou Haute valeur environnementale, ...), implantation d'éléments favorables à la biodiversité (HAIES, BOSQUETS, ...) par Yannick Groult O.F. 29/12/22
O.F vendredi 16 janvier 2015 : "...chaque année plus de 400 km de talus sont recréés, 1.200 km sont détruits! "L'avant-projet PAC exclurait les haies et bosquets des surfaces comptant pour les aides. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a été alerté. Il est évident que les nouvelles règles de verdissement de la Politique Agricole Commune ne doivent pas aller à l'encontre de la protection de l'environnement. Ce serait complètement incohérent."
O.F. 23 mars 2015 : "Démonstration de taille de haies à Balazé.....dans le cadre du programme de plantation "Breizh Bocage" qui a vu la création de 73 kilomètres de haies bocagères depuis 2009."
Le Syndicat du bassin versant Vilaine-Amont-Chevré SYRVA
Partie VILAINE - AMONT bocage (concernant Acigné)
Partie Chevré rivière/bocage
Actions transversales (suivi, com, collectivités)
Animation agricole
La "maille bocagère" :
- les essences de haut jet, conduits sur un seul tronc ou bois nobles (chênes, châtaigniers ou merisiers) exploitables à long terme en bois de sciage.
- les essences de gainage pour constituer le "rideau bocager", ou bois à énergie exploitable après 15 années (charme, érable champêtre, cornouiller, noisetier).
Les haies et talus peuvent être identifiés au PLUI (Plan local d'urbanisme intercommunal) et protégés par la loi paysage.
BREIZH bocage fête ses 10 ans et 150 km de haies : le programme régional accompagne les projets de travaux bocagers, car 60% à 80% des haies ont disparu depuis le remembrement des années 1970-1980. Breizh bocage aide à la restauration de haies en accompagnant et finançant des projets de plantation d'exploitants agricoles, collectivités et particuliers. L'entretien annuel est pris en charge pendant trois ans. Nous créons et/ou restaurons 15 km de haies par an. Nous réalisons ausi des BRISE-VENT pour les animaux qui leur procurent de l'ombre et créent un microclimat, une biodiversité essentielle pour les cultures. Les parcelles doivent être de type agricole avec 200 mètres linéaires minimum d'intervention. Les haies sont paillées, avec des copeaux de bois issus du bocage local. La destination des tailles peut concerner des chaudières. Les haies créées sont classées par la Politique agricole commune (PAC) et le Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI). Les aides peuvent représenter 100% des frais liés aux travaux. Depuis 2011, 276 personnes en ont bénéficié, pour plus de 150 km de haies. 120 000 euros par an financés à 80% par l'Agence de l'eau, le département, la région, l'Europe et à 20% par la Communauté de communes. O.F. 27/11/2021
BREIZH BOCAGE : O.F. 14/10/23 : "De nouvelles règles en raison des fortes demandes de projets. Le territoire est divisé en zones prioritaires avec de nouveaux critères : ruissellement rapide des eaux, reconnecter deux éléments bocagers ensemble, ...La volonté est de restaurer le maillage bocager en poursuivant le programme mais aussi en favorisant la regénération naturelle, avec un plan de gestion pérenne et valorisation du bocage obligatoire à la filière bois, cartographie, diagnostics, sensibilisation du grand public... Le nouvel objectif de 10 km, au lieu de 15 km, de travaux de haies par an par Breizh Bocage et un km avec le programme local nécessite un budget annuel de 128 000 euros dont 103 000 euros de subventions Feader, Agence de l'Eau Loire-Bretagne, Région et Département.
O.F. 20/1/2022 : CESSON-SéVIGNé, le maire, Jean-Pierre Savignac, souhaite construire une "ville durable" : PARC PHOTOVOLTAIQUE sur huit hectares près du centre de la Rigourdière. Vers 2025, la production sera de 17% de la consommation domestique d'électricité de la commune. Projet Ecomaterre à Via Silva pour des constructions en "terre crue porteuse" , du VERT, du VERT, du VERT : un PARTENARIAT AVEC LES AGRICULTEURS POUR PLANTER DES HAIES BOCAGERES.
Forêts bretonnes
"En bonne santé mais sous-exploitées" O.F. 16/12/2021 par Olivier Mélennec/ Taux de boisement régional 14% contre une moyenne nationale de 31%. En Bretagne, 90% des superficies boisées appartiennent à 125 000 propriétaires forestiers privés, 93% possèdent moins de 4 hectares. Le top : dans le "privé" 9 000 ha Paimpont-Brocéliande (35/56), 4 000 ha à Lanouée (56/22); le "domanial" d'Etat : la forêt de Rennes avec 2 900 ha. 3/4 des superficies sont en "feuillus" dont une soixantaine d'essences différentes.L'essentiel en chênes "sessiles et pédonculés", puis châtaignier et hêtre. 10% de la surface en "résineux" pin maritime, 4% d'épicéa de Sitka et 3% de douglas. 75% des volumes récoltés proviennent de "résineux". Les "feuillus" de qualité ordinaire en Bretagne sont plus difficiles à transformer et sont moins standardisés.En 2018, la récolte de bois en Bretagne s'élevait à 3% de la récolte nationale. 67 établissements de sciage et fabrication d'emballage en bois emploient 1 200 salariés, dont 60% avec moins de 10 salariés et 17 établissements avec plus de 20 salariés. Source : Agreste Bretagne, mai.
Chiffres inventaire IGN : la surface agricole bretonne représente 1,6 million d'hectares en 2020; celle de la forêt 450 000, soit 16% de son territoire, 4è région la moins boisée de France. Particularité : 92% de la surface boisée est privée.
France Nature Environnement rassemble 150 associations bretonnes et 20 000 adhérents. Peu focalisées jusqu'à présent sur la gestion forestière... Elle entend désormais appeler au rôle clé que la forêt peut jouer pour faire face à l'urgence climatique, préserver la biodiversité et les ressources en eau. Pour le Plan régional forêt-bois augmentation de la production période 2019/2029 en diversifiant les essences au maximum et en évitant d'augmenter les prélèvements. Quand on coupe un chêne de 200 ans, on abat un adolescent! Pas de coupes rases, prescrire des plantations dédiées au bois énergie, du bois d'oeuvre, éviter la destruction de la structure des sols. La forêt bretonne, composée de feuillus pour les 3/4, s'accroit un peu du fait de la déprise agricole. Mais, on constate un ralentissement de la croissance en volume, à cause de la sécheresse et des attaques d'insectes et de champignons. Il est question de créer un Observatoire de la forêt et de porter à 10% la surface de forêts protégées. O.F. 9/12/22 par Serge Poirot
L'AGROECOLOGIE : discipline scientifique qui rend intelligible le fonctionnement des écosystèmes agricoles: agriculture biologique, agroforesterie et de conservation des sols. La transition agroécologique se fonde sur un usage intensif de la photosynthèse. Ce mécanisme naturel par lequel les végétaux fabriquent leurs tissus avec l'énergie du soleil et le carbone du gaz carbonique de l'atmosphère, deux ressources gratuites et renouvelables. Il faut une couverture végétale verte maximale. On peut penser aux pommiers dans les prairies ou les associations lentilles-céréales. La PERMACULTURE en maraîchage bat tous les records avec, dans la même parcelle, dix espèces différentes... L'eau de pluie doit s'infiltrer dans le sol pour être mise en réserve pour l'été. Plus une goutte ne doit ruisseler, grâce à la plantation des HAIES, à la couverture végétale ou aux techniques de culture sans labour qui favorisent les vers de terre.
L'alternative aux ENGRAIS est de planter des LEGUMINEUSES, comme les lentilles, les pois chiches ou la luzerne. Elles sont capables d'intercepter l'azote de l'air, lui aussi gratuit et renouvelable, pour constituer les protéines de notre alimentation. Les arbres aussi peuvent être de précieux alliés. Leurs feuilles fertilisent la couche arable. Le bois des rameaux broyés issus de l'élagage des haies fertilise les champs. Associés aux racines, les champignons débusquent les éléments minéraux. Au final, objectif refabriquer de l'humus et ressuciter les insectes. Notre blé à 50 quintaux, s'il ne consomme pas d'entrants chimiques, si les insectes auxiliaires font gratuitement le job et s'il est fertilisé naturellement avec de la luzerne, rapportera plus à l'hectare que du blé à 90 quintaux produit avec des pesticides et des engrais de synthèse.
Encourageons la TRANSITION AGROECOLOGIQUE en rémunérant les agriculteurs quand ils séquestrent du carbone dans les sols, quand ils plantent des légumineuses ou des haies, quand ils remettent des abeilles, des coccinelles et des mésanges qui s'attaquent aux pucerons. Par Marc DUFUMIER, extraits O.F. 28/4/2021 recueillis par Xavier BONNARDEL.
L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE de CONSERVATION (ABC) sans Glyphosate, par Lionel Alletto INRAE Toulouse
Les pratiques de l'Agriculture de conservation des sols (ACS) :
- la première est le semis de couverts végétaux entre deux cultures, pour un sol jamais nu. La biomasse produite nourrit la vie du sol.
- La deuxième est la diversification, car éviter qu'une même culture revienne souvent aide à contrôler ses ravageurs associés.
- La troisième est l'arrêt du travail du sol pour préserver la biodiversité souterraine : les outils sont remplacés par l'action des vers de terre. Ce dernier point pêche en agriculture biologique, où le travail du sol sert à désherber.
L'ACS améliore l'efficience de l'eau : plusieurs effets se cumulent,
- les couverts apportent de la matière organique au sol, qui agit comme une éponge - et stocke du carbone par ailleurs. En outre, la biodiversité crée une macroporosité (galerie de vers de terre) et une microporosité augmentant le réservoir en eau du sol. Grâce à ce réseau de "tuyaux", l'eau ne ruisselle pas en surface mais pénètre efficacement dans le sol quand il pleut. Ce réseau offre aussi aux racines des cultures une capacité d'exploration plus profonde, susceptible de retarder le stress lors des sécheresses.
La qualité de l'eau : la première cause de déclassement de l'eau est la présence de matières en suspension. En favorisant la structure au sol et l'infiltration de l'eau plutôt que son ruissellement, l'ACS empêche l'érosion, donc les matières en suspension. De plus, les couverts piègent l'azote, limitant ainsi la fuite des nitrates vers les nappes.
Le point faible de l'ACS est l'usage du glyphosate pour contrôler le salissement des champs, à la place du travail du sol. Nous cherchons des solutions vers une agriculture biologique de conservation (ABC) sans glyphosate. Son temps est d'ailleurs compté en raison de l'apparition de résistances. O.F. 22/12/23 par Nathalie Tiers
"Quand les vaches savourent les feuilles" O.F. 26/11/2021 par Xavier Bonnardel CIVAM Pays de la Loire
"L'arbre peut se révéler une source fourragère complémentaire quand la sécheresse transgorme les prairies en paillassons. Il peut avoir un rôle dans l'autonomie alimentaire des élevages herbagers." selon l'animatrice au CIVAM exemples : " j'ai planté beaucoup d'arbres. Au début c'était surtout pour l'effet brise-vent et apporter de l'ombre aux animaux. Et puis, avec la répétition des sécheresses et des pénuries de fourrage, j'ai facilité l'accès des vaches aux ressources alimentaires procurées par ces arbres avec aujourd'hui 10% du fourrage consommé par les bovins provenant de ces arbres, évitant l'achat de fourrage."/ "Les vaches n'aiment pas trop l'herbe chauffée par le soleil. Elles en mangent moins, mais le volume de lait est toujours le même car elles se tiennent à l'ombre des haies et vont y glaner le complément de fourrage. Ca freine aussi les ronces et ça nettoie les berges. Alimentation et entretien..." Les essences : sureaux, cornouillers, clématite, noisetiers, saules qui peuvent fournir du printemps à l'automne feuilles et écorces à machouiller. Susciter des pousses nouvelles avec de judicieux coups de scie pour placer des branches à hauteur des vaches. Pour les "haut jet" comme les frênes, taille en têtard sur les jeunes sujets, à la perche élagueuse avec récolte annuelle en vert du 15 août au 15 octobre. On peut prévoir le problème manque de temps en mutualisant des broyeurs et lamiers ... Les feuilles et écorces ont des vertus antiparasitaires grâce à leurs tanins et une valeur nutritionnelle avec oligo-éléments, antioxydants et protéines."
Planter les bases d'un "RESEAU ARBRES", rencontres bretonnes de l'arbre à Paimpont avec FIBOIS (Fédé filière régionale bois 12 interprofessions) et BRUDED (partage d'expériences entre collectivités développement durable) : agir avec l'outil arbre pour la biodiversité, qualité eau, énergies renouvelables... Novembre 2021
Le BIO pourrait nourrir 7 milliards d'humains : O.F. Mercredi 15 novembre 2017
Joseph POUSSET ingénieur agronome et céréalier dans l'Orne : "chiffres INSEE et Ministère Agriculture consommation annuelle d'un Français : 110 kg de céréales, 47,5 kg pommes de terre, 12,4 kg tomate, 36 kg porc. Rapprochement avec des rendements moyens en agriculture bio. ex : 30 quintaux de blé à l'hectare. D'où surface nécessaire/consommateur : 3,7 ares pour les céréales, 15 ares produits laitiers, 0,04 are pour les carottes, 0,34 are pour le sucre... Résultat : il faut 63,4 ares (6 340m2) pour nourrir un Français, dont 54 ares pour les animaux, 6 ares pour les végétaux et 3,4 ares pour les pertes. Si on généralise l'agriculture bio à 30 millions d'hectares de surface agricole (France) on pourrait nourrir 47,3 des 60 millions d'habitants de France métropolitaine. A l'échelle de la planète, les 4,9 milliards d'hectares consacrées aux cultures et à l'élevage pourraient satisfaire 7 milliards d'habitants. (population mondiale 7,5 milliards d'hab. 01/07/2017)
Quelques chiffres : 2015 : 51 millions d'hectares bio dans le monde pour 1,1% de la surface agricole. En 2000 : 15 millions d'hectares seulement. Vente de produits bio dans l'Union européenne entre 2004 et 2015 : on passe de 10 à 28,3 millliards d'euros.
En 2021, on compte 3 345 exploitations BIO en Bretagne.
UNE EXPERIENCE BIO avec Gaël AVENEL, céréalier bio à Montmerrei (Orne) : bineuse avec guidage optique pour désherber les herbes non désirées entre les rangs des céréales. Coût 25 000 euros avec l' achat à trois agriculteurs en CUMA. Gaël n'utilise pas d'herbicides comme le GLYPHOSATE. Il pratique le désherbage mécanique. Avec trois tracteurs, une déchaumeuse "dix mètres" qui enfouit ce qui reste de la plante après la récolte, une charrue "douze corps", une herse-étrille, une houe rotative. Il est bien équipé pour nettoyer ses 100 ha (dont 60 ha de qualité médiocre) cultivés en maïs, blé, tournesol, colza, triticale (semences), féverole ou luzerne. "Mes rendements de blé varient de 30 à 50 quintaux par ha et de 45 à 65 quintaux en maïs". Moitié moins qu'un céréalier de la plaine de Caen "mais je vends le blé 400 euros la tonne! contre 157 euros en conventionnel (à fin octobre). Selon le céréalier le glyphosate représente "surtout un gain de temps" pour désherber. Les alternatives sont connues : semer plus tard "car plus on sème tôt, plus on voit lever les mauvaises herbes", établir des rotations longues, faire succéder cultures d'hiver (céréales) et de printemps (maïs) et travailler le sol avec précision. "Après la moisson estivale, je passe trois fois la déchaumeuse cela limite les repousses sans trop perturber les micro et macro-organismes. Et je laboure peu profond, en novembre, avant les semis. Les graines de mauvaises herbes pourissent dans le sol." La herse-étrille et la houe rotative terminent le désherbage entre février et avril. Autant de passages mécaniques qui évitent le recours aux herbicides. "Et avec la bineuse j'espère pouvoir réduire les passages".
Limiter l'impact carbone? la pratique du labour est accusée par les utilisateurs du glyphosate de déstocker le carbone, en sus de la consommation du tracteur. "Mais nous, on n'a pas recourt aux engrais chimiques. Or, 200 unités d'azote, c'est 1,2 tonne de fioul à l'hectare." calcule Gaël. Entre deux cultures il couvre ses parcelles d'engrais verts : TREFLE, FEVEROLE, MOUTARDE. Ces plantes nourissent le sol en azote et fournissent du foin pour les vaches laitières de son frère installé pas très loin. "J'échange aussi la paille contre du fumier" G.L.D.
NITRATES : le 18/11/2021, par arrêté préfectoral, un programme régional d'actions s'applique à toute exploitation agricole située dans une des huit baies "ALGUES VERTES". 1°) DIAGNOSTIC d'étanchéité des FOSSES réalisé avant septembre 2024 pour les zones prioritaires et 2026 pour les autres. Renouvelable tous les 10 ans. 2°) SEUILS d'AZOTE à ne pas dépasser; sinon plan d'action en 3 mois. Chaque année, pendant 3 ans, contrôle sur les sols.3°) 10 m de BANDES ENHERBéE ou BOISéE près des COURS d'EAU - contre 5 m initialement - au plus tard 31/12/2022. 4°) LIMITER le SURPâTURAGE avant le 1/9/2025 5°) MéTHANISATION : pas de DéROGATION pour épandre du DIGESTAT quel que soit le lieu du méthanisateur. O.F. 15/01/2022
Réduire les pesticides ne se décrète pas : l'expérience du plan Ecophyto lancé en 2008 avec 3 000 exploitations agricoles volontaires organisées en 250 groupes Dephy dans l'ensemble des grandes filières (grandes cultures et poly-culture-élevage, vigne, fruits, légumes, ...). Sur une évaluation concernant 170 fermes, l'Indice de Fréquence de Traitement (IFT), soit le nombre de doses appliquées chaque année, est passé de 2 (moyenne triennale avant l'entrée dans le réseau) à 1,74 (2017/18/19), soit une réduction de 14%. La baisse est significative sachant que l'IFT de 2 au départ est de 2,6 au niveau national. Parmi les catégories de traitements (herbicides, insecticides, fongicides) ce sont les HERBICIDES dont les agriculteurs ont le plus de mal à se passer. (1,06 doses par an sur IFT de 1,74, soit baisse de seulement 6%).
Parmi les solutions testées et parfois adoptées : le désherbage mécanique (BINAGE), l'utilisation d'espèces ou de variétés résistantes aux maladies, l'emploi de produits de BIOCONTRôLE, ainsi que des méthodes plus globales de modification de la ROTATION des cultures. L'implantation de couverts végétaux entre les cultures ou sous les cultures se développe également pour concurrencer les plantes indésirables et éviter le salissement des champs conduisant notamment à l'usage du GLYPHOSATE. Par Nathalie Tiers O.F. 07/01/2022
Corriger le PH7 et le REDOX, trouver un antioxydant pour les sols :l'innovation de Tima Agro (Saint-Malo, groupe Roullier, 41 pays, 7 000 salariés) : dans l'alimentation, la parapharmacie, les cosmétiques, les antioxydants sont de saison pour pallier les divers stress et pollutions qui baignent notre environnement. Les sols et les végétaux n'y échappent pas. Depuis 80 ans on sait mesurer et corriger le taux d'acidité des sols. Grâce aux ENGRAIS AZOTéS, on parvient à la valeur optimale pour les végétaux (PH 7). mais il existe un second facteur, le potentiel REDOX des SOLS. C'est-à-dire leur potentiel d'OXYDORéDUCTION éLECTRIQUE, valeur optimale 400 millivolts (mV).
Le REDOX est aussi important pour la fertilité des sols que celui du PH (potentiel hydrogène). Il pilote les échanges d'électrons de la plante vers les sols. Après 600 études menées depuis deux ans, on a dressé une carte de France sur les taux de PH et de REDOX : les sols sont moyennement ou fortement OXYDéS un peu partout, de 500 jusqu'à 700 mV à force de nitrates, de labours, de produits phytosanitaires.
Timac Agro présente une première mondiale avec sa gamme ENERGéO permettant de réguler les deux facteurs de fertilité avec de fins granulés, y compris en bio. Le gain d'absorption des nutriments est multiplié par 1,5 jusqu'à 5, soit + 33% d'activité microbienne et une baisse de 30% des azotes nécessaires; avec une réduction de 13% des gaz à effets de serre. A l'arrivée une croissance multipliée par deux pour les plantes, en prairies rendement accru de 33% et moins d'ajouts d'azote. Avant on corrigeait le PH grâce aux engrais, demain ce sera plus simple avec l'éLECTROCHIMIE. O.F. 29/11/22 par Christophe Violette
SAFER , livre "HOLD UP sur la terre" de Lucile Leclair. Il dénonce l'accaparement des terres agricoles par de grandes entreprises d'envergure internationale dans l'agroalimentaire et la dermo-cosmétique. L'objectif est double : face à la compétition féroce sur le marché des produits alimentaires et sécuriser leur approvisionnement, acquérir une exploitation agricole, c'est s'assurer de la quantité produite, au niveau de la qualité pouvoir varier la production et s'adapter à l'évolution de la demande des consommateurs.
Sur les 26 millions d'hectares de terres agricoles en France, on ne sait quel est le pourcentage détenu par ces groupes car les achats échappent à l'appareil statistique. Ces grands groupes sont composés d'une société mère avec des filiales mais on ne remonte pas forcément au groupe immédiatement à l''image du système bancaire.
Les SAFER (Sociétés d'Aménagement Foncier et d'établissement Rural), présentes dans chaque département, régulent le marché foncier agricole. Mais, aujourd'hui, cet organe est plus vulnérable que lors de sa création en 1960. Au départ, elles étaient financées à 80% par des fonds publics. A partir des années 1980, ces aides publiques ont diminué jusqu'en 2017 où les SAFER se financent à seulement 2% par de l'argent public, qui provient des Régions et à 8% par des expertises qu'elles mènent avec les collectivités territoriales. Et le reste ce sont les commissions qu'elles touchent sur les ventes! Elles sont juges et parties.
Les SAFER ne sont pas armées face aux grands groupes. La loi Sempastous leur permet d'intervenir sur les transactions en parts de société (lorsqu'une firme s'associe à un agriculteur, puis rachète peu à peu les parts pour devenir propriétaire). Le texte n'est pas précis pour contrer l'arrivée de ces groupes et les moyens accordés sont insuffisants. Les ventes se font à huis clos, dans ce parlement où sont représentés les syndicats du monde agricole, les élus des collectivités territoriales et des associations du milieu rural. Rassemblés en collège, ils votent en général une fois par mois en comité technique pour 10 à 20 ventes, validées ou non. Ce comité n'est pas ouvert au public comme un conseil municipal.
Des agriculteurs proches de la retraite peuvent vendre leurs terres à de grands groupes industriels et garder le silence face à ces transactions, une vraie OMERTA, un malaise des agriculteurs sur ce sujet, qui sont parfois perçus comme des traîtres. Et en même temps, on comprend la difficulté d'un agriculteur qui, à la retraite, touche environ 700 euros par mois en moyenne (pour un indépendant) et qui souhaite avoir un petit bagage.
Des agriculteurs, ouvriers salariés, travaillent dans ces groupes, pas des indépendants. Ils sont conscients que d'avoir un salaire tous les mois, des vacances, c'est intéressant avec une ferme, sans s'imposer des prêts sur 20 ou 30 ans. Le taux d'endettement a été multiplié par quatre depuis les années 1980.
L'un des impacts négatifs c'est la standardisation. Un groupe peut avoir dix fermes qui répondent toutes au même besoin de l'entreprise de produire un produit unique. Certaines produisent du bio mais on s'aperçoit que l'exportation est indissociable du transport international, très coûteux en termes d'énergie. Les SAFER mériteraient d'être modernisées et mieux financées pour assurer leur mission. Avec des arbitrages au niveau national. O.F. Mars 2023 par Antonin Le Bris
"SILENCE DANS LES CHAMPS" ouvrage de Nicolas Legendre, prix Albert-Londres
"il y a une omerta dans le monde agricole breton." L'enquête de sept ans décrypte les rouages du système agro-industriel breton à travers 300 témoignages. Ce système, né dans les années 1960 :"nourrir la France et sortir la Bretagne de la misère", semble avoir atteint ses limites aujourd'hui et ne se maintiendrait qu'au prix d'une certaine violence. Fils de paysans bretons ayant grandi à la ferme Nicolas Legendre garde des souvenirs merveilleux mais aussi la fatigue physique et mentale de son père et des inégalités de traitement entre paysans avec un système qui les rémunérait, pas forcément très bien. Il y avait des moments de colère face aux injustices, à une mafia...
L'agrosystème a nourri un complexe d'infériorité chez les Bretons, comme expliqué par le naturaliste François de Beaulieu. On est passé à un modernisme rapide dans une région en retard dans ses infrastructures. D'autres régions d'Europe et de France avaient choisi des productions à haute valeur ajoutée plutôt que le volume. En Bretagne, plusieurs facteurs de développement arrivent en même temps : le tourisme, les technologies d'information, le tertiaire, ... Dans le bilan global on ne parle que des bénéfices, jamais des coûts. Les algues vertes sont les plus connues, mais aussi la grande histoire du remembrement, cataclysme monumental. C'est un big bang. Les paysages bretons ne ressemblent plus à rien de ce qu'ils étaient. On parle souvent des haies, mais il y avait aussi les landes, les zones humides, les prés-vergers, les prairies... C'est tout un monde qu'on a en grande partie anéanti, dans un silence assourdissant. Rien n'a été documenté. Il y a eu des résistances locales, mais pas de grand mouvement organisé. Il y a des gens qui ont été traumatisés, mais qui ne l'ont pas dit.
La culture traditionnelle, comme les langues bretonnes, avec cette notion d'ethnocide, incluent des éléments sociétaux, culturels et sociaux. Ce grand bond en avant ratiboise des paysages physiques, mais aussi mentaux. De la même façon qu'avoir une prairie avec des pommiers dedans est considéré comme archaïque et rétrograde, si en plus tu parles breton ou gallo, tu es Néandertal... C'est un tout. Des décisions ont été prises au niveau centralisé, mais il y a eu aussi des Bretons qui ont été moteurs, comme Alexis Gourvennec, pour inciter l'Etat à aller dans ce sens. Le productivisme a bien pris en Bretagne car il y avait un canevas sociétal, porté par l'Eglise notamment, qui a permis de faire tirer tout le monde dans le même sens. Chaque personnage majeur est passé par la Jeunesse agricole catholique, matrice d'idées, de gauche comme de droite, certains à la FNSEA ou ceux qui ont fondé la Confédération paysanne.
Quant au mal-être paysan, il y en a pour qui ça va bien, et aussi un paysan qui se suicide tous les deux jours en France... On est passé de 370 000 actifs agricoles en Bretagne dans les années 1970 à 50 000 aujourd'hui. La moyenne d'âge est de 50 ans. Il y a une forme de burn out, on est à la fois des victimes et des héros, c'est terrible d'un point de vue mental. Des situations de quasi-esclavage existent avec des paysans pieds et poings liés à une coopérative - qui fournit les bêtes, les aliments, les traitements, et qui achète la production - qui de fait sont des salariés, mais qui portent seuls le poids des emprunts et touchent à peine un Smic. Parfois c'est un asservissement consenti, les coopératives ce sont les paysans qui les ont fondées. Ces coopératives adoptent des fonctionnements de firme internationale avec une gestion complexifiée, des administratifs, des gestionnaires loin du terrain. Certains paysans s'en tirent cependant bien car techniquement meilleurs, avec des capitaux, de bonnes terres, mais aussi parce ce qu'ils ont les bons réseaux, les bonnes connaissances, les bons postes qui font que tout est plus facile pour eux. Le fonctionnement est inégalitaire. La démarche, c'est de ne pas rester seul.
Il n'y a pas de Riviéra morbihannaise, on est en Bretagne, les gens sont assez pudiques et modestes, néanmoins de grandes fortunes ont été amassées. En soi ce n'est pas un problème, on est un pays où on a le droit d'être riche. Mais d'où vient cet argent? à quel prix et sur le dos de qui il a été gagné? Et passer au bio? bien pour l'eau et les sols, le vivant avec le fait de se passer à moyen terme des pesticides de synthèse. Mais il faut aussi agir sur la technique, l'agronomie, la grande distribution, les transports, la façon dont on consomme, dont on se nourrit. Si on n'agit pas sur tous ces leviers, on ne peut pas changer grand chose. "Bretons" mai 2023.
Janvier 2024 : Jean VIARD, sociologue, "Les agriculteurs sont en colère, pas dans une phase de paupérisation accélérée mais plutôt d'incertitude accélérée. L'agriculture est un métier incertain, gels ou sécheresses, épidémies animales, fluctuations des marchés... Là, on leur rajoute une couche (avec les obligations environnementales croissantes) sans leur préciser l'objectif. Doivent-ils nourrir la France? l'Europe? Accélérer la transition écologique? Néanmoins, c'est un mouvement compliqué : il agrège une colère générale vis-à-vis d'une France et d'une Union européenne bureaucratisées mais avec des modèles complètement différents.
Il y a plusieurs crises : les viticulteurs bordelais car la consommation de bière ou de rosé est passée devant celle du vin rouge, le modèle de la ferme familiale semble aussi périmé. La majorité des fermes sont tenues par des entreprise industrielles et capitalistes. En revanche, il y a une extraordinaire solidarité culturelle chez les paysans. Qu'ils gagnent 4 000 ou 800 euros par mois, ils se serrent les coudes et vont dire : nous sommes tous pauvres!" O.F. 26/1/24 par Johan Bescond
Bretagne développement innovation : par son président Hugues Meili (et P-DG Niji) Le programme "Agretic" concerne la transformation de l'agriculture et de l'agroalimentaire par des technologies du numérique (machinisme, logiciels). C'est un enjeu majeur pour faire baisser la pénibilité et les durées de travail tout en augmentant la productivité et la rentabilité. L'Europe et la France doivent simplifier les réglementations sans renoncer à l'écoresponsabilité. Il importe de digitaliser et automatiser la collecte des données. Ces paramètres font de l'agriculteur un chef d'entreprise accaparé par la gestion liée au cultiver, élever ou collecter. L'outil numérique s'adresse à la gestion des stocks, des puces pour la détection précoce des maladies, des capteurs pour la surveillance des cultures avec un drone et des satellites pour cartographier l'état des cultures et appliquer la bonne dose de traitement au bon endroit, la régulation de l'hygrométrie, la surveillance de l'usage des prairies... Quand un agriculteur utilise des intrants, il peut les compléter par des solutions technologiques embarquant des capteurs pour observer au plus près l'effet de la substance sur les animaux ou les plantes. Pour la semence, les grands fabricants permettent une utilisation optimale en fonction des sols. On va vers l'immatériel aux dépens de l'hyper matériel. Ce qu'on fait déjà dans la cybersécurité, les énergies renouvelables et l'hydrogène peut , avec l'univers des données, de la data, apporter des solutions aux agriculteurs et pourrait trouver comme financeur la Banque des territoires... O.F. 3/3/2024 par Christel Martineau-Marteel
O.F. 16/11/17 : La Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants , face à l'hostilité grandissante de l'opinion publique, prend acte du fait que manger "responsable" c'est manger bio, labellisé, éthique, local, moins polluant. Elle note aussi que la part des terres françaises dédiées aux légumes a fondu de presque 20% en dix ans, alors que les importations de légumes ont crû de presque 30% dans la même période.... Parmi les solutions mises en avant par le syndicat : la recherche de nouvelles variétés végétales, la robotique, l'agriculture de précision (dosage fin des intrants), le biocontrôle avec triplement des plantes protégées d'ici à 2025 (insectes, méditateurs chimiques, produits végétaux protecteurs des cultures), l'adaptation des pratiques agronomiques.
O.F 18/01/2020 : "Le Grenelle de l'environnement en 2008 avait fixé une réduction de 50% des PESTICIDES en 2018. On a échoué, à cause des lobbies de l'agrobusiness qui ont supprimé toute mesure contraignante.... D'accord pour arrêter le glyphosate, mais par quoi le remplace-t-on et avec quels moyens?..." L'agronome Marc Dufumier, expert aux Nations Unies et à la Banque mondiale, a une solution, qui a déclenché un tonnerre d'applaudissements : "Et si on rémunérait nos agriculteurs pour services rendus à l'environnement? Donnons leur les moyens de faire cette nouvelle révolution technique qui permettra de capter l'énergie du soleil, de séquestrer le gaz carbonique, par exemple en plantant des haies, pour ressusciter les abeilles." L'agronome, professeur à Paris Tech, propose de réorienter 1,6 milliard des 9 milliards de la Pac européenne pour changer radicalement de modèle.
Ce qui permettrait "d'économiser l'argent dépensé aujourd'hui pour la dépollution des sols et des eaux." renchérit Jacques Caplat, agronome et co-auteur avec Pierre Rabhi de "L'agroécologie, une éthique de vie".
Le BOCAGE, un héritage à sauvegarder / Colloque Eau et rivières de Bretagne, Lannion 19/11/2021 par Lucille Inizan : "le bocage est un paysage rural façonné par l'homme où les champs et les prés sont enclos et bordés de haies. Son apparition est assez récente. C'est au XVIè siècle que le bocage a commencé à remplacer le paysage de champs ouverts, sans haie ni clôture, jusque-là prédominant. Il s'agit alors d'éviter que le bétail n'aille détruire les cultures. Dans l'ouest, ce paysage présente la particularité d'êre constitué de HAIES sur TALUS. Le bocage s'est progressivement étendu. Puis il a fortement regressé à partir de la deuxième partie du XXè siècle avec l'essor de la mécanisation de l'agriculture et le remembrement. On estime que les deux tiers des haies de Bretagne ont disparu depuis 1960. En 2015, il n'en restait que 115 000 kilomètres, selon l'Office français de la biodiversité. Le bocage continue à regresser. 2 000 kilomètres de haies disparaissent encore chaque année, soit parce qu'elles sont arrachées sans autorisation, soit parce qu'elles sont abandonnées ou mal entretenues. Les collectivités ont réagi. La Bretagne est la SEULE REGION de France où il existe un PROGRAMME de REPLANTATION, "BREIZH BOCAGE". On constate cependant que l'on replante surtout des HAIES à PLAT, et non des HAIES sur TALUS.
La disparition des haies et des talus favorise l'EROSION DES SOLS en cas de fortes pluies. Les particules de terre et les POLLUANTS sont entraînés dans les COURS d'EAU. Cela a un impact important sur la QUALITE de l'EAU et la biodiversité aquatique. Les alluvions (dépôts) colmatent le fond des rivières où se situent les FRAYERES, les zones de REPRODUCTION des poissons, des batraciens ou des mollusques. Les apports de sédiments entraînent aussi l'ENVASEMENT des ESTUAIRES, avec des effets sur la vie aquatique en mer et, en particulier, la CONCHYCULTURE. Cela sans parler d'autres conséquences négatives pour la biodiversité comme l'effondrement des populations d'OISEAUX. O.F. Olivier MELENNEC
Septembre 2022 : la Bretagne est la seule région qui n'a pas perdu un kilomètre de HAIES en trois ans!
70% des HAIES ont disparu des bocages français depuis 1950 : 2021, année de la haie? urgence! L'Office français de la biodiversité en a fait sa cause de l'année et le gouvernement y consacrera 50 millions d'euros.
PLANTONS DES HAIES, 7 000 km de nouvelles haies et alignements d'arbres intraparcellaires (2021/2022).
On détruit encore 11 200 km de haies par an. Et il faut au minimum une trentaine d'années pour qu'une haie rende de vrais services éco-systémiques. Conserver l'existant doit être la priorité et une meilleure gestion des nouvelles, la suivante. Des chercheurs de l'INRAE approuvent dans une étude publiée en décembre 2020 : la capacité de stockage de carbone additionnel des haies anciennes peut atteindre 4,2 TC pour 100 mètres linéaires, contre 2,2 TC pour les jeunes (fourchette haute), avec problèmes pour l'habitat des hérissons, sansonnets, ... voulant se loger dans les jeunes plants.
Un exemple intéressant d'un éleveur laitier et cidriculteur d'Athis-de-l'Orne, Christophe Davy : à la mi-décembre, il a fait planter 2,5 kilomètres de haies bocagères par une association d'insertion de Flers, subventionnée à 60% par le conseil départemental de l'Orne. Des arbres de haut jet comme le HETRE ou le CHENE sessile, entourés d'arbustes, comme le NOISETIER ou le CHARME, eux-mêmes suivis d'essences intermédiaires, tel le CHATAIGNIER ou le BOULEAU verruqueux. Objectif : créer un microclimat pour protéger les animaux et les pâtures des puissantes bourrasques et du soleil. La HAIE est le "couteau suisse" : maintien de la biodiversité, lutte contre la sécheresse et l'érosion, stockage de carbone." Idée : nourrir les bêtes avec les feuilles des arbres, parmi une dizaine d'essences d'arbres comme le MURIER blanc, à forte valeur alimentaire et peu gourmand en eau. Les HAIES fournissent de l'ombre aux vaches, attirent une multitude d'insectes, d'oiseaux et de champignons qui font vivre le bocage. Entre 1972 et 2012, le département de l'Orne a perdu près de 48% de ses linéaires de haies, soit plus de 560 km.
L'efficacité des professionnels de la HAIE se perd dans un dédale administratif typiquement français. Les programmes HAIES dépendent tantôt du département ou de la Région, tantôt du ministère de l'Agriculture ou d'un organisme lié à l'environnement, tel l'Office français de la diodiversité. Des appels d'offre finissent par échapper aux plus motivés. En Bretagne, où un SEUL ORGANISME "BREIZH BOCAGE" gère ce dossier, on admet que le "bilan attendu le 11 février ne sera pas celui espéré", redoute le responsable Pascal Renault. A la décharge des élus bretons, il y a le manque de police environnementale sur laquelle la Région n'a pas la main. La notion de "déplacement", qui cache un mauvais troc -la SUPRESSION D'UNE HAIE UTILE CONTRE DES PLANTATIONS qui porteront tardivement leurs fruits - n'est pas assez sanctionnée.
La semaine dernière, l'eurodéputé écologiste Antoine Budeau, regrettait la "gestion amateur" de la France sur ce dossier, pour lequel l'Union européenne dépense des centaines de milliers d'euros, depuis des années, tout comme les collectivités. POUR UN SOLDE QUI RESTE NEGATIF. O.F. 8/2/2021 Emmanuelle François/Chistelle Guibert
6 km de haies servant pour chauffer sa maison et fabriquer de la litière pour ses vaches : à Ecommoy dans la Sarthe, Anthony Vasseur produit entre 100 à 200 m3 de "plaquettes forestières" par an. De quoi chauffer son habitation de plus de 200m2 et fournir son cheptel en litière. Ayant repris la ferme de son père, il dispose de haies buissonnières "multistrates" : les arbres de haut jet (plusieurs dizaines de mètres), comme les érables et merisiers, dominent, tandis qu'à hauteur d'homme, les pruniers, charmilles et noisetiers comblent le coeur de ces vertes clôtures, absolument impénétrables l'été. Si les arbres en bonne santé sont laissés intacts, d'autres, notamment en bordure de rivière, sont coupés court à tour de rôle. Branches, troncs et souches sont ensuite déchiquetés par un prestataire, moyennant un coût estimé à 1 300 euros par an. Ensuite, direction la chaudière ou l'étable. "Je m'en sers comme litière, première couche en copeaux puis un mille-feuille en alternant un peu de paille", explique l'éleveur d'une trentaine de vaches laitières. "Ca chauffe moins que si je ne mettais que de la paille et c'est plus drainant". Lors de l'épandage du fumier, l'agriculteur bio pourra restituer dans ses champs le carbone de ses propres arbres, sans acheter de la paille à l'extérieur de sa ferme. Le troupeau, qui pâture dix mois sur douze, apprécie ces haies nourricières, qui servent autant de brise-vent que de parasols.
Le Haut conseil pour le climat indique que les haies font partie des pratiques agronomiques permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Pacte actuel pour la haie vise un gain net de 50 000 km entre 2020 et 2030, le double de ce que l'on perd en une seule année. Mais, les haies perdent du terrain à cause du déclin de l'élevage. O.F. 10/3/24 par Claire Robin
LES AGRICULTEURS SOUTENUS POUR RECONQUERIR LES HAIES : Mérillac (22) Fédération départementale des chasseurs + Breizh Bocage. Au "Rocher" de Mérillac la source de la "RANCE" n'est qu'à une quinzaine de kilomètres. Elle grouille de truites, de loutres et de vie sauvage, abritée par des haies imposantes et touffues. Sur ses 152 ha, dont 90 ha d'herbe, depuis deux générations, Wilfrid Perquis prête une grande attention à la BIODIVERSITé : sous-bois, taillis, ronciers, 16 km de haies ne le gênent pas pour conduire son troupeau de 70 vaches laitières et 35 limousines. Cependant le broutage et le piétinement des vaches menaçaient son bocage très dense. Alors, David Rolland, spécialiste de la gestion de la BIODIVERSITé, chargé de mission par la fédération départementale des CHASSEURS, est venu pour établir un audit avec 163 tronçons de haies analysées selon 34 critères (volume de bois, essences, âge, ...) Puis il en a tiré tous les services rendus par ces haies : production de bois, préservation des eaux, des sols, ombres et abris pour les troupeaux.
TALUS avec BREIZH Bocage qui existe depuis 2011 mais les actions de protection des bocages ont démarré dès 2001.Chaque année 15 km de talus sont créés, freinant l'érosion.Ils sont soutenus financièrement. La réception des dossiers se termine en mai, leur étude en juin, la création des talus en octobre et les plantations en février.
suite Wilfrid : Mieux, avec l'aide du programme BREIZH BOCAGE, 5 km de jeunes HAIES supplémentaires ont été plantées, sans que Wilfrid ne débourse un centime. Au bout de 3 ans la charge de l'entretien de ces haies, devenues vaillantes, lui revient. David lui indique aussi les travaux à mener dans les 5 ans et les moins urgents dans les 15 ans. Ces 5 jours d'audit valant environ 1 500 euros sont pris en charge par l'AFAC ("Fonds pour l'arbre" ) , la Fondation Yves Rocher et le programme TRAM . Le Fonds pour l'ARBRE veut accompagner chaque année 3 000 agriculteurs pour gérer durablement 6 000 km de haies (sous le label National haie) et planter 950 km de haies à l'échelle de la France. O.F. 2/9/2021 par Christophe Violette
Une FORMATION à la taille des arbres et des haies : permettre aux agriculteurs et particuliers propriétaires de parcelles agricoles d'apprendre à tailler leurs haies pour les valoriser avec transformation en bois d'oeuvre et en bois de chauffage. Vallons de Haute Bretagne, Val d'Anast et CBB 35 auront permis cette journée chez Bertrand Paumier avec Emeline Halais. Chez Maud, la haie plantée il y a trois ans avec notamment des MERISIERS avait besoin d'une bonne taille avant que les défauts de pousse soient irrécupérables, par exemple sa rectitude pour du bois d'oeuvre. On a aussi abordé le choix des outils, la période à prioriser pour la taille et les différentes techniques.O.F. 6/3/2023
Méthaniseurs : le département d'Ille et Vilaine, doté de 41 sites, vise à produire près d'un tiers de gaz local d'ici 2030. Selon Daniel Colin, directeur territorial Bretagne à GRDF, 8% du gaz consommé dans le département est produit à partir de méthaniseurs. Avec la dizaine en constructions, on devrait être entre 15 et 18% de gaz renouvelable d'ici 2027. Au niveau français, la stratégie est de multiplier par quatre la production de gaz local d'ici 2030.
Source d'énergie locale, la méthanisation est souvent pointée du doigt car les agriculteurs seraient tentés de produire des cultures destinées à l'énergie - au détriment de l'alimentation. Pour le responsable GRDF "la priorité reste la souveraineté alimentaire. En moyenne, en Bretagne, on a seulement 6% des intrants de méthanisation qui sont issus de cultures, alors que la loi autorise jusqu'à 15%. La Bretagne compte 80 méthaniseurs, avec en moyenne une vingtaine d'hectares de cultures par site de production. Ce n'est presque rien, on est loin de manquer de surfaces et la méthanisation n'utilise que très peu d'espaces. Il met en avant une énergie peu carbonée qui permet de diviser par dix les émissions de CO2 par rapportaux énergies fossiles. Et qui permet aussi de créer un gain économique sur le territoire. 70% de la richesse créée reste en local.
Dernier en date celui de Maen Roch avec 14 agriculteurs peut digérer chaque année 24 000 tonnes d'effluents d'élevage, de déchets de culture et de végétaux, qu'il transforme en méthane injecté dans le réseau de GRDF et consommé localement. Il produira chaque année 10,7 GWh, soit l'équivalent de la consommation annuelle en gaz de 1 800 foyers. O.F. 5/12/23 par Paul Grisot
Qualité de l'eau : 3% des masses d'eau d'Ille-et-Vilaine sont classées en "bon état" écologique"; à cela s'ajoutent les fuites d'eau usées d'un réseau de tuyaux vieillissant dans le sous-sol... Il faut rétablir la bonne qualité des milieux aquatiques, donc celle de l'eau potable et de la protection de la biodiversité... Le renouvellement du réseau doit se faire en moyenne tous les 80 ans. Au rythme actuel, il faudrait environ 400 ans pour changer l'ensemble des 1 600 km de canalisations. Il faut également anticiper l'augmentation de 410 000 à 500 000 habitants dans la métropole rennaise en 2035. O.F. 17/12/2021
Selon l'Observatoire de l'Environnement en Bretagne - août 2022 - "La Bretagne présente une particularité du fait de la nature granitique de son sous-sol. Son approvisionnement en eau potable est assuré à 23% seulement par les eaux souterraines, les 77% restants étant issus des eaux superficielles (cours d'eau et retenues), à l'inverse du reste du territoire national".
En Ille-et-Vilaine, seulement 2% des cours d'eau en "bon état" alors que le Finistère est à 61% en bon état! Les Pays européens se sont engagés en 2000 à atteindre 100% des eaux en "bon état" à l'horizon 2027, mais "71% des masses d'eau de surface risquent de ne pas atteindre ce bon état en Bretagne, ce dès 2026" selon l'Observatoire de l'Environnement en Bretagne. Première cause : les PESTICIDES pour 57% des masses d'eau de surface. Autre facteur de cette mauvaise qualité : la morphologie des cours d'eau avec des BARRAGES qui dégradent l'environnement aquatique naturel. Ils favorisent l'accumulation de sédiment.O.F. février 2023 par Laurie Musset
Eau fil de l'Yaigne, l'association de Domloup (35) est arrivée à l'entrée de Nouvoitou, après cinq années de restauration des 4,2 km de la petite rivière. "Ces zones regorgent de biodiverité qu'il est possible de protéger par de simples actions : laissons un vieux tronc couché au sol, il sert d'abri à de nombreuses espèces. Un roncier est un refuge pour les mésanges et hérissons, une zone humide entourée d'arbustes assure la survie de grenouilles et autres reptiles, suggère Jean-Jacques Auché. Le milieu naturel est la zone de vie de nombreuses espèces (chevreuils, rapaces, oiseaux, amphibiens, ...). L'Homme n'y est qu'un invité, tant qu'il respecte les buissons, les arbres, l'eau.
RIVIèRES AbîMéES : "en rendant les cours d'eau DROITS, on a réduit leur longueur et diminué la capacité d'auto-épuration des rivières, d'où ces 3% des eaux de surface en bon état écologique! Les MéANDRES, en ralentissant le trajet de l'eau, la soumettent à l'action du soleil, des bactéries, des végétaux du sol, ... ce qui permet de dégrader une partie des polluants. En rectifiant les cours d'eau et en drainant les zones humides, on a aussi réduit la capacité d'infiltration de l'eau dans le sol , et donc de recharge des nappes souterraines. D'où un risque accru de sécheresse, mais aussi d'inondations dans les villes en hiver. En Bretagne, comme ailleurs, elles ont souvent été construites près de zones de confluences. Or, avec des bassins-versants artificialisés qui font augmenter le débit des cours d'eau et des sols trop imperméabilisés (parkings, routes, ...) qui réduisent la capacité d'infiltration de l'eau, on augmente le risque de crues en aval. Mikaël Le Bihan, OFB (Office Français de la Biodiversité) direction Bretagne. et : "il y a des endroits où ça coince àla sortie des inustries et beaucoup de communes qui ont des stations d'épuration sous dimensionnée alors qu'elles comptent de plus en plus d'habitants et d'entreprises." Jérémy Grandière, président de la Fédération pour la pêche et la protection des milieux aquatiques du 35 O.F. 24/3/2023 par Karin Cherloneix
POLLUTION DES COURS D'EAU : Seules 34% des masses d'eau superficielles sont en bon état écologique en Bretagne selon l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. C'est mieux que dans les Pays de la Loire 11%, mais moins bien que la moyenne nationale à 40%. La Bretagne demeure la région la plus concernée par les NITRATES avec 100% de sa surface classée en zone vulnérable et 8 BAIES affectées par les ALGUES VERTES. Zone vulnérable : teneur en nitrates supérieure à 18 mg par litre dans les eaux de surface, c'est-à-dire les cours d'eau et les retenues qui alimentent en eau potable 75% de la population bretonne. Une eau dont la teneur en nitrates dépasse 50 mg/l n'est pas potable. BRETAGNE EAU PURE, Plans d'actions régionaux NITRATES, PROLITTORAL, Plans de lutte contre les algues vertes... ont porté leurs fruits. La teneur en NITRATES dans les cours d'eau a baissé période 1995-2020 de plus de 50 mg/l en moyenne à 32,1 mg/l en 2020!
Les NITRATES rejetés dans l'eau en Bretagne proviennent à plus de 90% de l'agriculture (engrais minéraux et effluents d'élevage). Il s'agit de la forme la plus oxydée de l'azote, minéral ou organique, utilisé pour FERTILISER les cultures. La partie des nitrates non consommée par les cultures reste présente dans le sol. Les eaux de pluie, en ruisselant ou en s'infiltrant peuvent entrainer ces nitrates vers les cours d'eau et les nappes phréathiques. Ce risque est élevé quand la végétation est au repos ou absente, en automne et en hiver. L'Agence de l'eau Loire-Bretagne estime que les pollutions dues aux nitrates exercent une pression sur 12% des masses d'eau de surface en Bretagne, moins que les PESTICIDES 57% ou le PHOSPHORE 15%. Stocké dans les sédiments, le phosphore contribue comme les nitrates au développement des algues vertes. Il favorise également la prolifération des cyanobactéries dans les plans d'eau. Il provient des déjections animales mais aussi des eaux usées. La défaillance des réseaux d'assainissement pourrait ainsi expliquer la prolifération d'algues vertes sur les vasières du Morbihan. L'usage des PESTICIDES en Bretagne pour traiter les cultures est moins massif que dans les régions de grandes cultures (blé, betterave) ou de viticulture. Malgré tout, la contamination des eaux brutes de surface par les pesticides en Bretagne est généralisée : pesticides ou leurs résidus métabolites sont détectés dans 99% des analyses. Préoccupant car pouvant affecter la santé humaine et la biodiversité. Et le TRAITEMENT DE L'EAU ne permet pas toujours d'éliminer ces substances chimiques. En 2021, la présence d'un métabolite du S-métalochlore, un HERBICIDE utilisé dans la culture du maïs, était avérée dans l'eau du robinet distribuée dans 690 communes bretonnes.
Le CONSEIL RéGIONAL de Bretagne s'est fixé l'objectif "Zéro PESTICIDE" l'horizon 2040. André Sergent, président de la chambre régionale d'agriculture de Bretagne, estime que "les directives NITRATES ont obligé la profession agricole à s'engager par rapport à la qualité de l'eau. L'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire, nous interdit l'usage de plusieurs molécules tous les ans. ...Si on enlève tout moyen de traiter les cultures, on arrête de produire. Voyez ce qui se passe pour la betterave dans le nord de la France..."
Arnaud Clugery, directeur EAU ET RIVIèRES de Bretagne, signale que la culture qui valorise le mieux l'AZOTE, c'est-à-dire qui en pompe le plus, c'est la PRAIRIE. A l'inverse, l'ASSOLEMENT le plus problématique, c'est celui qui n'a pas une présence continue à l'année, l'ASSOLEMENT CéRéALIER maïs-blé ou maïs-orge, qui vient plutôt nourrir les animaux granivores, les porcs et les volailles.... Le problème, depuis 2015, c'est que ça ne bouge plus. La lutte contre les fuites d'azote a atteint ses limites. Tant qu'on ne touchera pas à la question des effectifs, de la quantité d'animaux produits, et donc de la nourriture qui rentre en Bretagne, on n'atteindra pas les objectifs environnementaux que l'Europe nous a asignés. Il faut travailler sur les systèmes de production. En soutenant l'éLEVAGE BOVIN pour avoir moins de céréales et plus de prairies. Il faut encourager l'AGRICULTURE BIOLOGIQUE parce qu'elle se passe d'AZOTE MINéRAL. Il faut TAXER l'AZOTE minéral pour réduire son usage. O.F. 24 mars 2023 par Olivier Mélennec
Fabriquer une HAIE SèCHE (ou nom inventeur Benjes) à la ferme : "c'est un joli abri pour la faune qui peut aller jusqu'à 50 cm de large. Cette haie consiste à monter très rapidement un muret de branchages de bois mort, de feuilles mortes, de racines, ou de déchets de désherbage et de tonte, retenus horizontalement entre des piquets, qui servent de cadre, enfoncés dans le sol. C'est un abri pour les insectes, de gîte pour les petits mammifères et autres auxiliaires utiles au jardin, mais aussi de couvert pour les oiseaux qui peuvent y nicher et se reproduire. La haie sèche fait obstacle au vent et à la pluie, participant à un micoclimat favorable aux cultures du potager. On peut y ajouter des boutures de saule et de noisetier." expliquent les propriétaires de la ferme des trognes, Bel Air en Tresboeuf (35) contact@les trognes.fr
700 000 Bretons, soit 21% de la population, boivent une eau polluée. L'eau potable est menacée par les PESTICIDES "présents dans les eaux superficielles, en particulier les HERBICIDES S-Métolachlore et Prosulfocarbe (ce dernier, de par son extrême volatilité, contamine des cultures jusqu'à 1,5 km de distance avec des risques de déclassement BIO). Se fondant sur un bilan établi à la mi-novembre par l'Agence régionale de la santé, "Eau et Rivières" et le Réseau des agriculteurs bio de Bretagne pointent du doigt ces désherbants utilisés sur le maïs, les céréales et les légumes, l'un au printemps, l'autre à l'automne, qui contaminent eau superficielle comme souterraine, air, sol.Les herbicides sont les plus utilisés derrière le glyphosate. o.f. 23/12/2021 par Franck Jourdain
Les ALGUES, c'est le FUTUR pour la sécurité alimentaire.Elles représentent un tiers des productions aquacoles mondiales. Nous avons une grande marge de manoeuvre en Europe. En BRETAGNE, des usines de productions et de transformations y sont installées depuis plus de soixante ans. Cosmétiques marines Lessonia à St Thonan près de Brest ou produits gélifiants. Groupe important : ROULLIER à Saint-Malo. Outre l'alimentaire et la santé, les agriculteurs pourraient faire des algues leurs alliées. : limiter les engrais ou pesticides, grâce à leurs propriétés biostimulantes. Philippe POTIN, directeur de la station biologique de ROSCOFF pilote la coalition mondiale de recherche avec 70 ingénieurs, chercheurs, techniciens ... O.F. 20/11/2021 Gaëlle Colin
70% des algues françaises viennent de "Molène" (Finistère), refuge face au réchauffement climatique. En 2019, les dix premiers employeurs industriels de la filière algues dans le Finistère comptaient 5 651 salariés. Les algues récoltées PAR BATEAU représentent 94% avec 55 000 à 70 000 tonnes cueillies, surtout dans le Finistère-Nord. Ces algues sont vendues aux deux usines Algala, de Lannilis, et JRS, de la Forest-Landerneau, où elles sont transformées en épaississants et gélifiants pour de nombreux secteurs : industriel, agroalimentaire, pharmaceutique, cosmétique ... Les "algues de rive", récoltées à pied et sur l'estran, représentent environ 6% du gisement exploité. Elles deviennent des stimulants pour les plantes, de la nutrition animale ou finissent dans nos assiettes (entreprises de Lesconil, Roscoff ou Rosporden) avec 3 600 tonnes récoltées en 2019. Prélèvement ne dépassant pas 20% du gisement disponible car les algues absorbent le CO2 et créent des habitats pour les espèces marines. La filière est en pleine expansion. Aussi 7 sociétés sont déclarées en "culture" dont Algoslekoà Loctudy (150 tonnes en 2021). On est passé d'un prix moyen inférieur à 3 000 euros la tonne fraîche à près de 4 000 euros la tonne. C'est 100 fois plus que pour les algues embarquées! O.F. 13/12/2021 par Eloïse Levesque
Les VERS de TERRE, alliés de la transition agricole. Ils stockent le carbone des sols et participent donc à la baisse des gaz à effet de serre. En creusant des galeries, ils permettent à l'eau de s'infiltrer dans le sol et participent à l'y retenir, pour la redistribuer aux plantes. Grâce à leurs déjections (petits tortillons de terre à la surface du sol), les vers créent également une rugosité du sol qui réduit la vitesse du ruissellement de l'eau lors de fortes pluies, donc de l'érosion des sols. Ils sont les "laboureurs des sols", ils brassent la matière organique en la digérant, participent à nourrir les plantes en leur distribuant azote, carbone et phosphore. Le tout en collaboration avec les micro-organismes que sont les bactéries et champignons. Tout ce travail permet d'augmenter les rendements agricoles de 25%, d'améliorer la qualité de l'eau en la filtrant et de la retenir dans les sols pour la préserver. Les PESTICIDES les mettent à mal, mais aussi le fait de RETOURNER LA TERRE, chaque année, comme on peut également le faire en BIO. Un ver de terre COUPE EN DEUX ne fera jamais deux vers de terre... entretien avec Guénola PERES, Institut Agro Rennes-Angers Virginie ENEE OF 15/7/2022
"Voilà 50 ans, au début des années 1970, on comptait 5 tonnes de vers de terre par hectare, contre 50 kg au début des années 2020..." Olmix biostimulants
LE LIN un passé plein d'avenir : la France cultive 80% du lin mondial, 99% sont filés en Chine et en Europe de l'Est. Des filatures se lancent en Alsace, Normandie et dans le Nord, soutenues, entre autres, par la Coopérative Terre de lin qui assure 15% du teillage mondial (séparation de la fibre et de la paille). L'usine a besoin de 800 tonnes pour fonctionner. On parle aussi d'une filature dans le pays de Morlaix. Des agriculteurs du Finistère vont semer 500 ha l'an prochain; dans le Morbihan un producteur sème 270 ha, sachant que 500 ha sont nécessaires pour 775 tonnes, soit 600 tonnes de fil. On pense également à d'autres fibres comme l'artichaut, le genêt, l'ortie...
Le retour de l'économie du lin présente une avancée écologique appréciable en raison de sa faible consommation d'eau, qui permet de se satisfaire de l'eau de pluie, de la capacité à absorber le CO2 (3,7 tonnes/an par ha). On arrive à tout utiliser, c'est une démarche vers l'objectif zéro plastique. Des débouchés : emballage, textile tissé, lin technique... par Monique Le Treut et Paul Guéguéniat "Le Peuple Breton"
OF. 30/8/24 : en cette fin août, les liniculteurs enroulent le lin en balles de 300 kg.Une récolte record est annoncée avec un prix élevé. Une bonne nouvelle après une moisson de céréales médiocre. Plaine de Caen, on clôture le cycle des semis d'avril, puis l'arrachage de la plante en juillet, avant le rouissage estival (au sol), sorte de macération facilitant la séparation des fibres textiles de l'écorce. Un hectare de lin donne environ 4 000 chemises ou 3 750 mètres carrés de tissus, rappelle l'Alliance du lin et du chanvre européens. Avec un rendement de 5 tonnes de paille on obtient une tonne de filasse (fibre extraite de la paille de lin). C'est moyen car le lin a été semé au printemps à cause de la météo. Mais le liniculteur gagne deux fois et demie plus qu'avec du blé. On peut aussi semer en octobre un lin d'hiver, moins risqué car on échappe aux attaques d'altises,un ravageur des jeunes feuilles au printemps. Et on n'a pas besoin d'insecticide! La France (Normandie, Hauts et Ile de France) concentre 160 000 des 180 000 hectares de lin européen. Le reste Belgique, Pays-Bas et un peu Royaume-Uni. Du lin est désormais cultivé en Bretagne. La Normandie alimente 40% du marché mondial de fibres de lin réclamés par les filateurs asiatiques et indiens. Teillé ou peigné ( ruban), le lin exporté revient en Europe sous forme de chemises ou pantalons. Le prix du lin c'est +55% sur un an en Europe (9,08 euro/kg). Le liniculteur touche en moyenne 9 000 euros hectare. Guillaume Le Du
Le CHANVRE : La France est le premier producteur de chanvre en Europe et le troisième au niveau mondial avec 37% des surfaces européennes et 22 000 ha cultivés en 2022 par 1 500 agriculteurs. Alors que sa culture avait presque disparu dans les années 1960, la filière est en pleine reconquête. "Les surfaces ont été multipliées par trois en dix ans. On s'attend à ce qu'elles doublent d'ici à cinq ans." analyse le président Interchanvre. Les débouchés : industries du bâtiment, mais aussi textile. Proche du lin, cette plante est l'une des plus écologiques avec un impact environnemental cinq à huit fois plus faible que le coton. Il n'a besoin d'aucun pesticide ni d'irrigation. Il ne représente que 0,1% des matières premières pour fabriquer les vêtements contre 30% pour le coton et 69% pour les fibres synthétiques. La marge de développement est considérable. Le fil provient de chanvrières, Cavac, Planète chanvre, Eurochanvre. Pour la filature un consortium français est en projet pour relocaliser de Turquie vers la France. O.F. 16/1/23 par Fanette Bon - Noyal/Vilaine a été à l'avant-garde depuis de nombreuses années avec une association oeuvrant pour le chanvre.
ENERGIE : par Yves Salaün, DREAL Bretagne (Direction Régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement): l'avenir du mix énergétique, de la décarbonisation de l'énergie, adapter notre consommation pour la neutralité carbone, satisfaire nos besoins en électricité tout en sortant de notre dépendance aux énergies fossiles, mettre en oeuvre et financer notre transition énergétique...
La Bretagne ne couvre que 19% de ses besoins en électricité. Du fait de sa situation péninsulaire, la Bretagne se trouve en bout de réseau. Si on veut conserver nos entreprises et re-localiser des industries, il faut être capable d'assurer leur alimentation électrique de manière fiable.Il faut ausssi assurer aux ménages de bonnes conditions car il en va de la cohésion sociale. Avec le Pacte électrique breton de 2010, on a installé une centrale fonctionnant au gaz à Landivisiau (29). En Bretagne, les besoins en électricité augmentent en raison de sa croissance démographique.
L'un des atouts de la Bretagne c'est le VENT. Notre région présente le deuxième potentiel éolien régional après l'Occitanie. Aujourd'hui, l'éOLIEN TERRESTRE représente 50% de l'électricité produite en Bretagne. Le potentiel est encore plus grand EN MER qu'à terre. Autre particularité bretonne, c'est son potentiel en BIOGAZ du fait du développement de l'élevage intensif. O.F. 9/12/22 par Olivier Mélennec
O.F. 7/11/2023 : "L'éolien est trop lent en France : on n'était qu'à 80% de la puissance prévue fin 2022 avec 20,9 GW, ce qui oblige l'achat de compensations auprès d'Etats plus avancés et expose de plus à des sanctions financières de Bruxelles. Les causes : éloignement des maisons, des radars civils et militares, ... seulement 20% du territoire est disponible pour l'éolien. Pour renouveler les anciennes éoliennes, rien ne dit dans les textes que celles situées à moins de 500 mètres d'une habitation pourront être remplacées par des modèles plus puissants. La planification spaciale fait défaut à terre et en mer. Ily a un manque d'agilité de l'Etat, des effectifs de fonctionnaires insuffisants... Rapport Cour des comptes. Par André Thomas
Et la FILIèRE HYDROGèNE : la Bretagne s'inspire du Japon (Toyota et Kawasaki) pour une filière d'excellence du futur dans l'hydogène marin, totalement décarboné et renouvelable.Avec la construction de 10 boucles locales avec production, stockage et distribution d'hydrogène, dont 3 ou 4 sur les écosystèmes portuaires : bateaux transports passagers, prises de quais, groupes électrogènes, grues, barges, bateaux petites pêche, aquaculture, ainsi que bus, camions, ordures ménagères. Sites de production à partir de l'électricité produite par les éoliennes FLOTTANTES en baie de Saint-Brieuc et Belle-Ile-en-Mer... Eventuel partenariat Ademe France et Nedo japonais... 9/12/22 par Christel Marteel
Electricité renouvelable : 29,1% de la couverture de la consommation de France métropolitaine au 2ème trimestre 2021, contre 25,5% sur un an. Soit une augmentation de 6% sur ces 12 derniers mois: sur le dernier trimestre, parc Hydro-électrique 15,6 TWh, Eolien 8,1 TWh,Photovoltaïque 4,9 TWh, Bioénergie électrique 1,9 TWh.
Eolien en MER : la CHINE explose les chiffres de l'éolien offshore en 2021:gigantisme à la chinoise avec une capacité de production d'éolien en mer de 16,9 gigawatts. Elle détrône ainsi le Royaume-Uni (2 225 éoliennes en mer en 2019) et la France (1 éolienne en mer en 2019 au Croisic pour 2 MW!).
D'ici à 2030 les Etats-Unis veulent installer sept grands parcs éoliens sur les côtes Est et Ouest pour 30 GW, soit l'équivalent énergie pour 10 millions de foyers et on annonce pour 240 GW d'éoliennes en mer dans le monde! la France avec ses 20 000 km de côtes devrait alors exploiter 17 parcs, soit 700 éoliennes pour une capacité de 10 GW (équivalence 5 centrales nucléaires)
Energies marines renouvelables (EMR) : Avec ses 2 730 km de côtes (îles comprises), ses vents réguliers et ses marées puissantes, la BRETAGNE fait figure de terre promise : EOLIEN en mer POSé et FLOTTANT (qui récupère l'énergie du vent), l'HYDROLIEN (des courants) et l'HOULOMOTEUR (des vagues). Objetif pour la Région de produire EMR 35% de sa consommation d'énergie d'ici 2030. Actuellement le barrage de la Rance et son usine marémotrice fournissent pour 225 000 habitants. Pour 2023, le parc des 62 éoliennes "posées" en baie de Saint-Brieuc doit permettre de produire 9% de la consommation bretonne. Les parcs éoliens flottants sont prévus au large de Belle-Ile et de Groix vers 2028. L'hydrolien serait vers Ouessant et l'houlomoteur en rade de Brest. L'éolien flottant permet des installations en grandes profondeurs (jusqu'à 200 m) et loin des côtes où le vent est plus fort (80 à 100 km au large). A terre une éolienne atteint un ratio de production de 22%, posée en mer 40 à 45%, flottant 50 à 60%. O.F. 2/4/2022 par Julia Toussaint
80 éOLIENNES au large de Saint-Nazaire : ce parc offshore a été mis en service le 23/11/22 par EDF.Elles produisent 20% de la consommation annuelle de Loire-Atlantique (700 000 habitants).
Décembre 2023 : 62 éoliennes à 16 km du Cap Fréhel (22), 207 mètres au-dessus de la mer, Equivalent consommation de 835 000 habitants. Impacts : nuisances sonores sur des espèces. Les marsoins peuvent partir jusqu'à 20 km mais reviennent une fois les installations terminées. Arrêts préconisés des éoliennes pendant les périodes de migrations des oiseaux. Dessous fonds marins : effet du récif artificiel, un monde se recrée , anémones, arthropodes filtreurs, moules, macro-algues. Ces micro-organismes sont un nouveau garde-manger pour les plus gros poissons qui sont alors plus nombreux (cabillauds, tacauds) et attirent d'autres prédateurs. Près de 50% des espèces qui colonisent les turbines ne sont pas indigènes. Dans la Manche, la pêche y sera autorisée. On envisage de déployer 50 parcs au large de nos côtes françaises pour 2050. O.F. 13/11/23 par Gaëlle Colin
EOLIEN EN MER : une opportunité à saisir (6/7 nov 2021 ) par Guy Robert (Calvados) article O.F. fin août : "La France, en dépit de son deuxième plus grand parc maritime de la planète, ne possède encore aucun parc éolien offshore en activité. Le Royaume-Uni est lui leader mondial." Selon l'Agence internationale de l'énergie, les éoliennes marines, posées et flottantes, deviendront, en 2050, la plus grosse source de production d'électricité en Europe, devant l'éolien terrestre, le nucléaire et le photovoltaïque.". L'AIE estime même que leur potentiel mondial de développement est si vaste qu'elles pourraient produire 18 fois la consommation actuelle d'électricité. ...Déni de campagne actuelle en faveur du nucléaire, en contradiction avec l'enfouissement des déchets nucléaires et des combustibles irradiés prévu à Bure (Meuse). Ce ne seront pas 2 ou 3 générations qui seront menacées, mais 1000, car le plutonium 239 prend son temps et il lui faudra 24 000 ans pour réduire sa nocivité de moitié.
EOLIEN en mer (édito O.F. 15/9/21) : Les premiers projets éoliens en mer ont été annoncés en 2011. Depuis cette date, les retards s'accumulent : complexité de nos dossiers d'instruction et difficultés comme souvent en France à construire un consensus. ex : Erquy (22). Fin 2019, le Royaume-uni avait déjà installé 2 225 éoliennes en mer, l'Allemagne 1469, Pays-Bas et Belgique 500 chacun, le Danemark 559 et la France une seule au Croisic! La France, jamais avare de grandes promesses, annonce maintenant vouloir produire 25% de son électricité à partir d'éoliennes en mer en 2050, soit près de 50 gigawatts installés. A relativiser cependant, le Royaume Uni pourrait avoir installé 40 gigawatts de capacité dès 2030... L'Europe veut déployer 300 gigawatts à partir de l'éolien en mer d'ici 2050. Une transformation en profondeur de notre modèle énergétique quand on sait que les 58 réacteurs nucléaires français ont une puissance de 63,1 gigawatts.
Energies renouvelables, Nucléaire : www.guide-electricite-verte.fr et www.edf.fr
en 2019, le monde a encore battu un record en raccordant aux réseaux pour 300 milliards de dollars, avec une capacité d'énergies renouvelables de 184 GW dont : 60 GW d'éolien (coûts en baisse de 40%) et 98 GW de solaire (coûts en baisse de 82%). Pour le photovoltaïque, la Chine et les Etats-Unis ont assuré 60% des nouveaux parcs.Durant l'année 2020, l'immense Chine a ajouté 71,67 GW de capacité éolienne. Quant au coût du nucléaire,il augmente de 26%! A l'arrivée, pour sortir rapidement du fossile, le monde mise sur les énergies renouvelables. L'Union européenne veut multiplier par vingt-cinq sa capacité d'EOLIEN EN MER en 2050. Grâce aux Danois Orsted, Vestas Wind Systems et l'équipe germano-espagnole Siemens Gamesa Renewable Energy (SGRE) qui écrasent la concurrence sur l'éolien en mer, le renouvelable le plus efficace. Mais les Américains, guidés par la réussite de General Electric, devraient rapidement faire leur retard.
La France avait des champions, comme Alstom à Saint-Nazaire ou DCNS à Cherbourg. Ils se sont épuisés par manque de soutien national. Résultat : en 2020, la France ne dispose que d'une seule éolienne off-shore, au large du Croisic.Notre voisin, le Royaume-Uni, en possède 2 225!!! Aussi, c'est massivement qu'un fleuron français, Total, investit ses billes vertes, soudain pressé d'obtenir 35 GW de renouvelables en 2025...
Le Nucléaire continue de décliner dans le monde. Si l'effervescence française donne l'impression contraire, l'industrie nucléaire, grevée par ses retards et ses surcoûts, recule. Source indépendante des Etats et entreprises, le récent rapport du World Nuclear Industry Status Report indique que que les investissements dans les renouvelables, hors barrages hydroélectriques, ont atteint 495 milliards de dollars, soit 14 fois plus que dans le nucléaire. Depuis 20 ans on compte 105 fermetures de réacteurs pour 99 mises en service, dont 49 en Chine. Mi-2023 c'est 407 réacteurs en activité, 31 de moins qu'en 2002.
La production du nucléaire a chuté de 4% en 2022 et sa part dans l'électricité mondiale est tombée à moins de 10%, au plus bas depuis 40 ans. En revanche, le solaire et l'éolien dépassent désormais les 12%.Le nucléaire peut coûter jusqu'à 4 fois plus cher que l'éolien terrestre de par l'allongement des chantiers. Les 8 réacteurs livrés en Chine entre 2020 et 2022 a pris 6,5 ans, mais les 7 réacteurs livrés dans le monde en 2022 ont pris 9 ans. EDF promet de livrer ses EPR2 en 105 mois (près de 9 ans) pour 8,6 milliards pièce; les EPR Royaume Uni et Etats-Unis en Géorgie 18,5 et 16,2 pièce..O.F. 7/12/23 par André Thomas
Le nucléaire en France : 2021, 70% de notre électricité; Thermique à flamme 8%, Hydraulique 11%, Eolien 6%, Solaire 2%, Bioénergies 2%; 2035, 50% et 2050, entre 0 et 50%! géré par RTE, gestionnaire du réseau de transport, filiale à 51% d'EDF.La projection pour 2050 est de faire progresser la production d'électricité de 470 térawattheures à 630. Ses 58 réacteurs ont été construits en 25 ans et 27 conçus pour fonctionner 30 ans, qui doivent passer l'examen des 40 ans dans les cinq prochaines années. Ce 25/2/2021, l'Autorité de Sûreté Nucléaire autorise la prolongation de 32 réacteurs de 900 MW qui devront se plier à la visite des 40 ans. Des travaux seront à prévoir : rendre plus robustes les réacteurs face aux agressions, inondations, incendies, séismes, canicules, ... et améliorer la sûreté de la piscine de refroidissement du combustible, accolée à chaque réacteur. Il s'agit d'éviter les risques de découvrement et d'échauffement des barres combustibles en cas d'accident ou d'agression externe (comme une chute d'aéronef). L'objectif est d'ajouter un système d'alimentation en eau supplémentaire et indépendant. Enfin, installation d'un récupérateur de corium sous le réacteur en cas de fusion du coeur avec épaississement du radier (dalle de béton) ou évacuation de la chaleur en dehors de l'enceinte.
EDF, numéro 1 mondial de l'atome, 164 000 salariés, 69 milliards de CA, résultat net faible et 40 milliards de dettes; sa branche dédiée aux énergies renouvelables pourrait lui être arrachée par la Commission européenne, soucieuse de préserver un concurrence loyale : EDF c'est 56 réacteurs en France, 15 au Royaume Uni et 2 en Chine. En France, il est prévu la fermeture de 14 réacteurs d'ici 2035, dont 4 à 6 d'ici à 2028. Il n'y a aucun gage pour la commande de 6 EPR, pour 45 milliards d'euros. Le 8 décembre dernier, seule annonce avec le choix de la propulsion nucléaire pour le prochain porte-avions de la Marine.L'EPR français coûtera sans doute 18 milliards (3,3 fois que le devis initial) . Il faudra également rattrapper un retard dans la mise aux normes "Fukushima" de toutes les centrales,le démantelement de Fessenheim, le problème très complexe de 6 réacteurs graphite-gaz arrêtés entre 1973 et 1994 et pour lesquels EDF ne veut s'en occuper qu'après 2070!
L'EPR de Flamanville, dans la Manche? 100 soudures du circuit secondaire sont concernées par des écarts! EDF a prévu de réparer certaines de ces soudures et de justifier le maintien en état des autres... A ce stade, 8 soudures concernées dans la traversée de l'enceinte de confinement, les plus délicates à réparer compte tenu des conditions d'accès. Modes envisagés : robot télé-opéré, traitement thermique, contrôles, ... Sur le circuit secondaire, 7 soudures sur une cinquantaine ont été faites. Les opérations sur le circuit vapeur vont se poursuivre jusqu'à l'été. Puis la tuyauterie d'alimentation en eau jusqu'à début 2022. Il ne faut pas de mauvaises surprises, il n'y a plus de marge de manoeuvre pour la mise en service de l'EPR. C'est au Creusot qu'ont été réalisés les éléments défectueux et des dizaines de pièces non conformes dont les documents de contrôle ont été falsifiés!
Et les DECHETS? le prochain plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs (PNGMDR 2021-2025) devra décider des solutions produisant des effets pour 2035-2040. Sinon il n'y aura pas de solution sûre pour un stockage ultime. Leur volume augmente et les capacités de stockage actuelles sont saturées dans l'usine de retraitement Orano de La Hague. Pour les déchets de haute activité à vie longue, un projet de l'Andra se situe à Bure, dans la Meuse, avec un stockage en couche géologique profonde.Mais il n'y a pas de feu vert et les critiques viennent de l'Autorité environnementale.
Un rapport de l'Agence internationale de l'énergie et de RTE confirme des études antérieures du Cired, de l'Ademe et de Négawatt que l'on peut se passer totalement du nucléaire. Comment? avec un FORT développement des panneaux solaires, des éoliennes terrestres et marines, d'une adaptation du réseau et de l'installation d'équipements stabilisant la production. Le démantelement du parc nucléaire pourrait devenir un cauchemar : nouveau rapport automne 2021, pile pour la campagne présidentielle.
Un exemple en Asie : la Corée du Sud, 52 millions d'habitants, veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 37% d'ici à 2030 et devenir neutre en carbone vers 2050. Investissement 54 milliards d'euros. Projet phare? de l'énergie éolienne offshore pour 8,2 GW, soit l'équivalent de 6 centrales nucléaires..
Articles O.F. 25/02/2021 Christelle Guibert, Louis Palligiano, André Thomas et Philippe Mirkovic.
RECYCLER, la botte secrète contre le réchauffement. l'ONG "Terre Sacrée" a mesuré les dates d'extinction de matières premières :
- 2030 plomb, 2039 cuivre, 2040 uranium, 2048 nickel, 2050 pétrole, 2072 gaz naturel, 2087 fer (base de l'acier), 2120 cobalt, 2139 aluminium, 2158 charbon
- Les dates butoirs des métaux rares ou précieux sont encore plus proches : déjà épuisées terbium et hafnium, vers 2025/26 argent, moins de cinquante ans pour l'or, indium, tantale et platine.
- Les besoins pour l'industrie française? ceux qui sont utilisés pour la transition énergétique et qui vont être multipliés par 20 à 30 d'ici 2030 : nickel, cobalt, lithium et graphite. On passe de l'ère du pétrole à celle des métaux. Le RECYCLAGE est indispensable pour des raisons environnementales et pour sécuriser nos approvisionnements, mais il ne sera pas suffisant. Le recyclage des batteries se met en place : multiplié par 10 dans les 10 ans. Mais, même en 2030, la filière estime que 10% seulement de la demande en cobalt proviendra du recyclage. Il faut développer de nouveaux projets miniers détenus et opérés par des acteurs européens, même hors d'Europe.
Les nouvelles obligations fixées par Bruxelles, sur les batteries par exemple, vont accélérer la mise en place d'une filière intégrée. Nous avons toutes les compétences en France et en Europe pour devenir leaders du marché. La France a des spécialistes prometteurs, comme Eramet pour le nickel et le lithium, Carester pour le recyclage des terres rares, une filière dédiée au recyclage du titane a aussi été développée. O.F. 17/03/2021 André Thomas
40% des déchets mondiaux sont brûlés à ciel ouvert avec un taux de "circularité" de seulement 8,6% en 2020. Si on doublait ce taux en consommant moins d'énergie et d'objets, en le faisant durer plus longtemps, en recyclant davantage les produits usagés et les débris de construction, "The Circle Economy" assure que les émissions mondiales de CO2 chuteraient à la moitié du niveau actuel dans 12 ans et à 0 en 2044. Le réchauffement serait ainsi tenu sous la barre des 2°C comme le préconise l'Accord de Paris.
RESEAU BRUDED : "Les élus parlent aux élus". Depuis 2005 un réseau d'entraide sert à accélérer "l'INNOVATION ENVIRONNEMENTALE" avec une quinzaine de communes rurales : impulsion Daniel Cueff (Langouët 35), Serge Moëlo (Silfiac 56) et Charles-Edouard Fichet (Saint-Brieuc-de-Mauron 56). Mars 2022, le réseau compte 253 communes et intercommunalités dans les cinq départements de la Bretagne historique. Les élus s'inspirent des belles réussites dans la redynamisation des bourgs, les énergies renouvelables, l'écoconstruction ou la participation citoyenne, à travers des retours d'expérience. Bruded compte neuf salariés, dont sept chargés de projet, de plus en plus sollicités même au-delà de la Bretagne. O.F. Thibaud Grasland